samedi 12 avril 2014

GRIOT SAMBU et LES SIENS

GRAND BAOBAB
Le fleuve inonde
L'empire caché des singes
Un arbre sacré.

*

Entend les palabres
Tous les chants des baobabs.
Leur profération!!!

*

Les palétuviers
chargés de coquillages
une pirogue.

vendredi 11 avril 2014

L'oiseau blanc saigne

Cœur frémissant ensanglanté dans la roche 

Le bleu de l'âme.


©Cz (écrits de nuit)
LE VISAGE DU GUERRIER
L'OMBRE


L'ombre développe une langue de sable
de terre labourée
de cris et de gestes
de chevelures arrachées
et de sang répandu.

L'ombre sur le glacis s'étend jusqu'aux douves de la forteresse,
immense fort rouge
de briques ajoutées.

L'ombre recouvre la terre sèche,
l'herbe rasée jaunit
les ronces s'épanouissent
l'ombre s'étend

et le corps du guerrier exhale l'odeur âcre de la peur et du crime.

YASSA

LA KORA
Tendre la main et toucher le cœur des enfants


Rassemblés sur le sol écorché
Le sol de terre battue
Le sol gris de la case ronde.

Au centre le grand plateau d'aluminium poli, y frémit le riz
le poulet
le citron
dans son jus
l'huile en gouttelettes.

Une multitude de doigts
des minuscules
des boudinés
des très fins bagués de cuivre
et d'argent gravés à la pointe du silex.
Adembo l'aîné, griot et musicien habile, ses doigts glissent sur
les cordes de la kora.
Mahfou, le jardinier, ses yeux lumineux fixent les bougainvilliers
et ses lèvres tremblent... un chant intérieur. Pour l'heure il
participe au grand repas de fête.
Awa revient au village.
Awa, studieuse,toujours très loin dans ses pensées.
Awa la comédienne, elle qui parcourt le pays, chante, danse.
Dans quelques jours elle va franchir les mers, les continents,
pour une lointaine métropole.
Avec délicatesse, elle plonge ses doigts et roule le riz et le
poulet.
Gourmande, dépose une boulette sur sa langue.
Hostie.
Douceur du citron.
Plaisir répandu dans sa gorge et celle de ses frères.
L'enfance au village des pêcheurs... souvenirs en images
du soleil,
du rythme du djembé dans son cœur de femme libre.
Envol d'une palombe noire au dessus de l'écume, semence
étalée sur la plage.

Babacar et Souleymane, inséparables sur les chemins de
brousse,
dans les branches des arbres épineux et touffus.
Plaies et bosses en cours d'école et sur le terrain de foot.
Lamine encore étonné, à peine sorti de l'âge du bébé, il
commence à marcher, se roule dans le sable chaud.
Et puis Maurice Idrissa DIEDHIOU le vieux maçon.
Accroupie auprès du fromager
l'œil sur la case familiale,

près de la porte,
Ngoné Nuaa Mariana
et dans ses bras le dernier: Ibrahim,
enveloppé de batik bleu et or
bouche soudée au téton du sein généreux.

Toute une famille en Casamance dans l'entrelacs des
bolongs près de l'île aux oiseaux. 

©Cz 

jeudi 10 avril 2014

LA BRANCHE CACHÉE

ANCIEN CHEMIN DES CHARROIS


La branche cachée



Une branche de fromager
Caressée
Retournée
Débarrassée de sa gangue de terre, elle était enfermée au cœur de la forêt.
Quelques morceaux de métal
pour creuser,
tarauder,
percer,
du verre pour polir,
des couleurs
des blancs très anciens sortis de la terre et des pigments végétaux,
des noirs,
un regard sur le visage sculpté, d’ébène,
LE MASQUE
Créé pour toi,
                      Loin de la ville et des commerces mondialisés.

mercredi 9 avril 2014

le CHŒUR

Le Chœur, est un fragment lyrique ou poétique.
Il peut être chanté, psalmodié, crié, simplement dit.
On l'entend dans les tragédies grecques, c'est un moment fort d'un texte.
Comme dans le long poème qui suit il est symbolisé par une seule personne.

Chœur du Messager

Arpenter les chemins de l'Orient
Surveiller les troupeaux.
Je repose la nuit au creux des buissons la tête protégée par un petit mur de pierre
Et quand le soleil disparaît
Mes yeux pleurent du sourire des étoiles.
La Grande Ourse, le Chariot, la Croix du Sud me raconte l'histoire des tribus,
des nomades du désert.
Le vent souffle et le sable s'envole jusqu'aux sommets des montagnes
arides.
Alors apparaissent les visages des guerriers.
Mes lèvres baisent leur front.
Depuis la nuit des temps j'arpente les chemins de l'Orient.
Me perdre au désert.
Boire l'eau croupie des puits abandonnés.
Me nourrir de quelques dattes sèches.
Je suis l'Ermite Messager et Solitaire
Enlevé par les nuages de locustes.
J'observe.
Je vais de l'un à l'autre,
Rarement
Je suis accueilli avec bienveillance
Je ne connais pas la douceur des seins de femmes
Ma besace est un sac plein de paroles épineuses,
douloureuses.
Je suis l'Ermite Messager et Solitaire.
Ma besace
C'est un sac de toile grise
Et je vais ainsi sur les chemins de l'Orient.
Les combattants me confient leur message
Je parcours l'immensité du pays du prophète.
Les jours de tempêteje me réfugie dans les ruines des palais
J'arrache mes pieds et mes mains sur les roches coupantes des chemins de montagne.
Les combattants me confient leurs douleurs,
Je suis le confident des mères
Et parle des enfants martyrs.
Un linge de soie me permet d'essuyer leurs yeux
La douceur de mes gestes calme leur angoisse nocturne  
Et la raideur de leur nuque.

Je vois dans les étoiles si le guerrier survivra.
Dans cette ville en ruine j'erre nuit et jour
Je quête ma survie
L'homme de troupe me laisse passer et parfois me botte le cul
Pour accélérer le mouvement.



  (Extrait de la pièce de théâtre Fenêtres de C CAZALS
©christiancazals

KHALIL GIBRAN

"( C'est le poète-que le peuple ignore dans sa vie/ Et qui n'est reconnu qu'après qu'il a dit adieu/ Au monde terrestre et s'en est retourné à son arbre dans les cieux.

C'est le poète- qui ne demande rien d'autre à/ L'humanité qu'un  sourire./ C'est le poète dont l'esprit s'élève et/ Emplit le firmament  de ses belles paroles;/ Malgré cela, le peuple refuse son rayonnement.

Jusqu'à quand le peuple restera-t-il endormi ? Jusqu'à quand continuera -t-il de glorifier ceux/ Qui attirent la grandeur aux moments opportuns ?/ Combien de temps ignorera-t-il ceux qui sont capables/ De voir la beauté de leur âme,/ Symbole de paix et d'amour ?/ Jusqu'à quand les êtres humains honoreront-ils les morts/ Et oublieront-ils les vivants, qui passent leurs vies/ Dans la misère, et qui se consument/ comme des chandelles qui brûlent afin d'illuminer la voie/ Pour les ignorants et les conduire sur le chemin de la lumière ?

Poète,tu es la vie de cette vie et tu as/ Triomphé des générations malgré leur sévérité.

Poète, un jour, tu gouverneras les cœurs,/ Partant ton royaume n'a pas de fin.

Poète regarde bien ta couronne d'épines: tu y/ Trouveras dissimulée une guirlande de lauriers qui bourgeonne. )"


Khalil Gibran
traduit de l'anglais par Thierry Gillybœuf
traduit de l'arabe par Elie Dermaker


mardi 8 avril 2014

LA TERMITIÈRE



La Termitière

Dressée
Percée
Abri silencieux
Épigée
Système clos
Hublots.

Jan Petrus aime le silence et le refuge des lieux secrets
De prière,
De calme dans le cœur.
Il aime jeter un regard,
Passer une partie de son visage,
Et revenir vite se protéger,
Étendre ses membres raides.

Enfant il se souvient,
Des nuits troublantes
Du chant de la hulotte
Et de son refuge dans la chambre quadrangulaire.

Réfugié dans un coin
C’est un nain dans l’immensité des lieux.

Á croupetons

Il fouille la nuit silencieuse de ce qui est démesuré,

Seul dans l’effroi de toucher le sol rugueux

Le songe-souffle de Jan Petrus l’étouffe quand la nuit est trop chaude.




L'ATTENTE



L’attente.


Attente
En soupirs de lune
D’une passacaille voluptueuse.

Des senteurs musquées.

L’archet légèrement recourbé
Prolonge le branle du chant nocturne

La viole pleure
Hèle le violon masqué sur la lagune. Venise est en fête.

Une pluie d’étoiles sur le ponton.
Des corps dénudés aux gracieuses blancheurs
Les seins bandés
Les dents diamants mordillant un vit en figure de proue.

L’archet n’en finit pas jusqu’aux soupirs ultimes.

Les cordes pleurent des larmes.

Une passacaille sur la lagune.

La plume de l’oiseau de proie.
Jouissance et douceur.


Ce fut la tienne.

LA MAISON DES ESCLAVES

Masque Rituel
Tu as voulu me montrer la maison des esclaves,
tu transportes ton bardas de colliers, de sandales, de tissu batik de perles carmin,
à la dérobée je contemple la finesse de tes chevilles,
le glissement des pas sur le pavé usé par la marche incessante des anciens travailleurs.
Les éclats de rire résonnent dans la cité maintenant touristique,
ta joie de promener, moi, victime propitiatoire rythmant mon pas sur ta cadence nonchalante.

Les fromagers derrière les murs tempèrent la grande chaleur de midi la brise de mer transporte le chant des cormorans et le petit marché d'artisans sommeille.

Tu as voulu me montrer la maison des esclaves
Mais c'est aujourd'hui relâche pour le spectacle vivant de tes ancêtres.
Les salles resteront vides et les âmes danseront nues sur le carrelage fendu
par le choc répété des marteaux et des anneaux.

M'asseoir sur le banc de pierre essayer de résister à la touffeur du climat de l'Île du Départ, essuyer mon front...

Je me souviens... Gorée maintenant si tristement touristique.
Et puis je suis parti te laissant seule avec tes frères et sœurs dans le sanctuaire de ton peuple.

lundi 7 avril 2014



Ce qu’il y a dans la tête de l’Ange.


Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur.
Les pétales s’écartent, s’envolent les désirs,
les joies, les tristesses,
la nudité du sentiment,
sa froideur,
sa distance se perd au fond du labyrinthe,
se cogne contre le mur,
cherche l’issue.
Les multiples éclats, bribes de mots,
de gestes,
mouvements amorcés,
interrompus,
repris,
répercutés,
retenus.
Une caresse, une larme, un cri, la nuit, alors que
les étoiles veillent.
Le bruissement des feuilles, le brouillard,
un phare surgissant, luciole automobile.
Le silence
troublé par le chant de l’oiseau nocturne,
le pas sur la route,
le torrent qui n’en finit pas de se répandre au cœur
de la vallée, une sonnaille dans le lointain…
Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur,
les mains parcourir les courbes,
les creux, les doigts écarter, explorer,
les larmes brouiller le regard
le sourire s’éteindre envelopper le corps étendu.

Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur.



"L'écriture est une décharge de la souffrance"

Scholastique Mukasonga


Je fais partie des adultes qui ont vu et qui ont la responsabilité
d'essayer d'aider à relever le Rwanda.
Créer un Rwanda où tous nos enfants ont une place.

dimanche 6 avril 2014

Collage papier peint 18° et colle de peau. Catie CAZALS

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Chant du coq dans le cœur des gitans
chant rauque
le cœur des statues alignées se fend
le condamné avance
remonte l'enfilade des gardes de béton
l'immobile armée _ muselée _ du dictateur maintenant fusillé
femmes et enfants
cheveux dégoulinant
au creux des fossés ensanglantés
un nain ramasse la plume blanche de la colombe abattue
une plume striée de sang frais
il la plante dans la chevelure
de sa jeune épouse
seins d'albâtre piqués d'une rose
les pieds sont bleus de froid
la boue craquèle la peau des chevilles graciles.