samedi 5 mai 2012
vendredi 4 mai 2012
NOUS N'AVONS FAIT QUE FUIR. Bertrand CANTAT
Je connais des collines qui s'imaginent reines, règnent sur l'opéra des orages féminins, et tu peux doucement poser ta tête nue sur leurs courbes de pain de joie et de misère.
C'est morsure de poussière mais poussière accueillante. Des tissus élastiques, de la chair de printemps, un carrousel vibrant sur un axe impétueux.
S'étourdir / le sang mélangé
S'étourdir / au son des astres morts
S'étourdir / le sang mélangé
S'étourdir
Prenez-nous pour des cons
Prenez-nous pour des chiens
Continuez
Ne vous gênez pas
Vos crachats ça nous fait des coquilles
de cristal
Il suffit d'empoigner la crinière de l'étoile.
jeudi 3 mai 2012
ILS REVIENNENT
Paul SAINT ALARY et son Guide Chant |
© photo La Dépèche du Midi
Retour des lieux inhospitaliers, le gel fendait les pierres, crevassaient les doigts et la plante des pieds, aveuglaient les yeux et noircissaient la peau du visage.
Des larmes pétrifiées, une haleine fétide, un regard profond perdu dans l'immensité de l'inconscient.
Le grand rideau rouge se déchira de haut en bas, rideau de scène, rideau d'un théâtre cruel, violent, théâtre pervers. Ils reviennent! clama la mère dans le matin blême, sortant l'enfant du lit.
Ils reviennent et nous avons rendez-vous à cette adresse pour aller le chercher.
"le" c'était notre oncle, celui qui pour nous, moi et ma sœur, était l'homme au Guide Chant. Vous savez? Ces petits pianos, en général de marque Kasriel qui servaient au professeur pour accompagner les enfants des écoles, les premiers rythmes, les premières harmonies.
C'était un maître d'école comme on disait, très aimé par ses élèves et qu'un matin l'ennemi avait embarqué sans ménagements pour des raisons politiques. Ce fut l'emprisonnement dans le pays lointain et froid, pays gris, au-delà d'un large fleuve qui défendait les frontières.
Le Guide Chant enfermé dans un placard était couvert de poussière. Les voix s'éteignaient. Les enfants aidaient aux travaux de la ferme.
Les rues parisiennes, encombrées comme à l'accoutumée, sentaient la guerre. Des militaires, des véhicules étranges, des visages fermés.
Pas d'argent pour le métro, on conservait le ticket pour le retour, l'oncle étant certainement épuisé.
On le récupéra dans un grand Hôtel parisien qui servait à regrouper les survivants et à les remettre à leurs familles en plus ou moins bon état physique.
L'oncle était un colosse. J'aimai le comparer à Jean Valjean.
Le métro nous débarqua à la porte de l'immeuble
Quatre étages. Enfin le repos, le calme, LA PAIX.
Je ne me souviens plus du temps qu'il passa avec nous. Les jours passaient dans le calme, puis il repartit chez lui dans le Sud de la France, dans cette région de montagne où il avait ses racines.
Je me souviens très bien de ce numéro tatoué sur le bras. Numéro qui servait à l'identifier parmi les détenus du Camp de Buchenvald
©boucherif
©boucherif
dimanche 29 avril 2012
ECRIRE
Parfois l'écriture est chancelante. Elle devient hésitante.
La lettre se tord, le mot trébuche, on ressent la lenteur, les intervalles sont de plus en plus écartés, un essoufflement, l'encre si beau liquide noir, violet, blanc, rouge, se trouble, s'épaissit, se répand, souille le papier, tache et grimace.
L'écriture s'interrompt.
La pensée de celui ou celle qui tient le porte plume se trouble.
La page reste vide.
Ici, maintenant je parle de moi.
Et je ferme les yeux, je plonge dans un monde étrange qui est le mien.
L'Afrique vient à mon secours. Avec ses conteurs, la savane et le désert.
Les animaux surgissant sur la piste que j'emprunte.
La tente touareg dans laquelle nous prenons quelques heures de repos.
Alors, ce vide de la phrase, du papier resté vide, une pensée africaine vient l'occuper.
" Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens."
"Chaque fois que vous laissez parler votre coeur pour invoquer un être de l'autre monde ou pour lui faire part de ce qui se passe ici, vous êtes en rituel".
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