samedi 22 mars 2014

SOUS MES DOIGTS



Sous mes doigts


J’ai posé mon front sur l’arbre
et des larmes se sont écoulées de mes yeux.
Que dois-je te dire – moment merveilleux-
étreindre l’arbre.
Sous les doigts la sève en palpitation,
sous les doigts l’écorce – sa rugosité parfumée.
Sous les doigts la douceur de tes yeux,
et les lèvres,
et l’intime de tes joies multiples.
Sous mes doigts…

vendredi 21 mars 2014

LES MAÎTRES DU DÉSORDRE

FLORENCE PAZZOTTU

La poésie est vivante, elle est une expérience de langue, elle est à la fois rythme corps et pensée. Florence Pazzottu.

LA BAGUE

La Bague


Niarkos blêmit devant le corps que lui présenta l’employé de l’institut médico-légal.
Sur le chariot métallique pas de nom mais la lettre X.
Le cadavre devait avoir la soixantaine. Un visage parfait de Dieu Grec. Cheveux et barbe blanche. Grand, musclé, une large cicatrice refermée récemment cachait le trou béant de l’impact de la balle.
Niarkos se souvint de ce visage. Il plongea dans ce qui fut sa prime enfance….
Sa vie  privilégiée de gosse de riche dans l’île de Délos.
Un père magnifique, très entouré, courtisé, un père toujours très attentif pour son jeune enfant malgré ses escapades amoureuses et ses voyages lointains.
Et puis brutalement, un jour qu’il revenait de la plage, il avait dix ans, l’annonce de la mort du père, sa disparition en mer. Le naufrage d’un de ses navires, il était armateur, au cours d’une croisière lointaine dans l’océan antarctique. C’est la salle froide de l’institut médico-légal, il est confronté à cet homme qu’il n’a pas oublié, étendu sur un chariot de métal chromé, cadavre rigide, noble dans sa posture de gisant. Il se souvient des paroles feutrées prononcées par les parents, par les proches, pendant son enfance. Personne ne croyait au naufrage. Disparition corps et bien du yacht, pas de rescapés. On pensait que le père, Yannis, s’était mis en marge du monde. On pensait qu’il vivait dans un de ces monastères perchés.
Niarkos fit des études normales. L’école, la faculté, le journalisme, les piges dans différents journaux d’Athènes.      
Aujourd’hui, à quarante ans, il parvient à une maturité professionnelle telle, ce qui lui permet de faire de grands reportages. C’est la raison de sa présence ici, dans ce lieu glacé, sinistre jusqu’au carrelage blanc. Tout est blanc.
Son travail ? Enquêter sur la mort du parrain de la drogue dans son pays. On vient d’apprendre la mort de celui-ci, exécuté dans un ascenseur de l’Hôtel Lutétia à Paris. Le visage du parrain est inconnu à ce jour. Les services de police savent seulement qu’il porte à l’annulaire gauche une bague dont le chaton représente un Apollon. La bague est fixée chirurgicalement au doigt.
C’est ce que lui apprend l’employé de l’Institut avec une voix blanche qui semble venir de l’au-delà. Il lui présente la bague placée dans un petit sachet de plastique. L’annulaire gauche du cadavre a été disséqué très proprement pour pouvoir libérer le bijou. Niarkos prend le sachet et observe avec précaution l’anneau d’or et l’Apollon sculpté dans une minuscule améthyste. La salle de reconnaissance est silencieuse, venant de très loin les bruits de la ville. Niarkos regarde avec intensité le bijou puis lentement repose le sachet sur le cadavre. Il ferme les yeux un instant. Ses lèvres tremblent. Il regarde enfin l’employé, raide dans sa tenue blanche, bouge un peu la tête pour le remercier et rapidement, tourne les talons et sort.
Niarkos est dans le jardin attenant à l’institut médico-légal. Il est assis sur un banc face à la Seine. Une journée d’Octobre, grise, humide. Niarkos touche sa main gauche, l’annulaire porte la même bague que celle du cadavre.
Il replonge dans son enfance quelques jours avant le départ du père. Tous les deux sont assis sur la plage privée de l’immense propriété de l’armateur.
Le geste de celui-ci lui présentant l’anneau d’or surmonté d’une améthyste sculptée : l’Apollon du Belvédère et ses paroles : « Nous sommes reliés jusque dans l’éternité. L’anneau s’élargira et à ta maturité fait le fixer à ton doigt. Il sera alors incrusté pour la vie. Il faut que tu saches que ta mère est partie le jour de ta naissance. Elle a quitté notre monde volontairement. »

Niarkos se lève et se dirige vers le bord du quai, il s’assoit sur le sol et contemple la Seine. Pas très loin un accordéon dans le bruit de la ville.
Il charge les poches de son pardessus avec quelques pavés qui trainent, un morceau de métal qu’il glisse dans sa ceinture, puis il se laisse aller au fil de l’eau.
Dans la salle de reconnaissance, l’employé fixe l’anneau à l’annulaire gauche du cadavre, recouvre le corps d’un linceul immaculé et fait glisser le chariot dans son logement. Il referme la porte, éteint la lumière.

HÖLDERLIN



C'est poétiquement que l'homme habite sur cette terre.

jeudi 20 mars 2014

PÉGASE

PÉGASE






Pégase est un cheval ailé né du sang de Méduse quand Persée lui trancha la tête.
Méduse était enceinte de Poséidon et on pense que Pégase était le fils de celui-ci. Poséidon est d’ailleurs le dieu des chevaux. Pégase d’un coup de pied, fit jaillir la source Hippocrène sur le sommet du mont Hélicon, domaine des Muses. Il fit jaillir une autre source à Trézène.
En raison de ses rapports avec les Muses, Pégase est aussi le symbole de l’inspiration poétique.
D’où l’expression familière « enfourcher Pégase » pour évoquer « l’entrée en poésie ».
Pégase ne se laissait approcher par personne. Le poète Pindare raconte dans la treizième Ode Olympique comment le héros Bellérophon parvint tout de même à lui passer le frein et à le maîtriser.
Avec Pégase il parvint à venir à bout de la Chimère, des Amazones, des Solymes.
Il voulut s’élever jusqu’au ciel mais piqué par un taon Pégase le désarçonna et devint le cheval de Zeus. Le roi des dieux fit de lui une constellation.

Marck TWAIN




La bonté est la langue que le sourd peut entendre et l'aveugle peut voir.


PHOTO de Christophe CALAIS

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mercredi 19 mars 2014

FLÂNERIES DANS PARIS



La nuit dans Paris

La nuit… nous flânons dans Paris

Sur les trottoirs
Notre marche de concert.
Asphalte luisant,
Désertés.
Le silence d’un Paris des ténèbres,
Des lieux secrets
Des jardins, des buttes, et des bois,
Une ville de pierre, de béton, de  marbre,
De chants,
D’orgue,
De musique africaine
Et de tablas des Indes,
La ville des bistrots
Et des immenses «  cimetières sous la lune ».
Ponts
Et brûlots sous les arches.
Nos cœurs à l’unisson,
Respiration précipitée contre l’arbre,
Nos corps, nos bouches jointes,
Et puis le fleuve,
Caresse de la ville écartelée.



 Photo : FLÂNERIE DANS PARIS. SUR LE PONT DES ARTS.FLÂNERIES DANS PARIS (LE PONT DES ARTS)

LES MOTS

         
L
E
S


M
O
T
S          GRAVÉS / GRAVÉS À TOUT JAMAIS.     LES MOTS TRISTES.

J
U
S
T
E          APRÈS  L' ACTE
.     

A
V
N
T

L'
I
N
S
T
A
N
T


GANESH ...Divinité Indienne

GANESH


Dieu à tête d'éléphant. C'est le fils de Shiva et de Parvati.
Divinité la plus populaire de l' Inde.
Dieu du savoir et de la vertu. On l'invoque avant d'entreprendre une action importante. La monture de Ganesh est un rat.
Ganesh épousa les filles de Brahma Siddhi (la réalisation) et Buddhi (la richesse).
Chacune donnera un fils. Kishna (le bien être) et Labha (le gain).
GANESH





SOUS LES DOIGTS... LA SÈVE

J'ai posé mon front sur l'arbre
et des larmes se sont écoulées de mes yeux.
Que dois-je te dire - merveilleux moment -
étreindre l'arbre,
sous les doigts la sève en palpitations,
sous les doigts l'écorce - sa rugosité parfumée -
sous les doigts la douceur de tes yeux, et tes lèvres, et l'intime de tes joies multiples.

Sous mes doigts...

AUX MUSES.



Many thanks aux muses qui m’ont accompagné pendant 64 ans, qui ont forgé ma poésie, l’ont tissé de fils de soie, ont tordu les vers, qu’ils soient ficelés par la rime où complètement fous et libres sur les plages, dans les forêts de montagne, les grottes et les cavernes, merci, merci, merci, merci, catiax2, jeanne, claude, agnès, marie, soledad, martine, paule, marie-paule, thérèse, les muses des fontaines, zoé campana de la barca, lolita, maryse, bien d’autres dans les montagnes, l’écume des bords de mer, les étranges villes de l’inde, la muse de pondichéry, celles déambulant sur marine drive, et pour finir celle qui me soutient, éclaire mon parcours, le dernier, aline.       

mardi 18 mars 2014

RENÉ AUBRY " Salento " instrumental



De préférence Mode Full Screen.

LE VOLEUR DE FIGUES

Le voleur de figues. C.C

J'ai volé des figues.
Il fut un temps, pas si lointain - un temps de gendarme à cheval - voler des pommes, était un  crime,
Les figues

Elle sont le sexe du diable.
Elles contiennent la semence originelle des diablotins et autres malfaisants, les gnomes crapoussins et les cracheurs de feu.
Selon la religion il ne faut pas ingurgiter des figues, encore moins les VOLER.

L'immense ciel bleu, pas de vent, un peu de joie  dans le coeur malgré mes tourments quotidiens,
je pris la route comme on prend celle que l'on aime, à bras le corps, et d'un pas alerte, je marchai sur le bitume odorant et poisseux.
Un coup de chapeau à droite au berger en surveillance, à gauche, à la vieille grognonne guettant les amoureux, 
claquement de la langue pour faire venir Pilou  l'âne provençal,
Bali
Fière  Alezane.


Enfin l'Objet du délit.
Le figuier!
presque à la cime de l'arbre, quelques fruits violacés, probablement murs.

Dressé sur la pointe des pieds j'ai tendu les bras, étiré le corps, agrippé la dernière branche, et avec beaucoup de douceur, en caresse d'amour, j'ai cueilli mes deux premières figues.

Sous le regard d'un chien errant à la recherche de sa pitance

Mais de pitance carnée.
Retour à la maison dans mon nid d'aigle
Battu par les vents.

J'ai ouvert mon premier livre de poésie.



"Dans la cour intérieure"

AUX BELLES ENDORMIES



AUX BELLES ENDORMIES - Christian CAZALS


HYPNOS

C'est le Dieu Somnus.
Il est le fils de Nyx
La Nuit.
C'est aussi le frère de Thanatos ( La Mort ).
C’est aussi le sommeil personnifié.

Il réside dans l'île de Lemnos.
Caché dans une caverne
Les rayons du soleil ne le touchent pas

Son repaire est éternellement sombre,
traversé par le fleuve d'Oubli
Le Léthé.

Hypnos repose sur une plage de sable.
Il est enveloppé d’un tissu fin
entouré d'une foule d'enfants et de jeunes fées: Les Rêves.
Ils sont chargés de missions diverses.
Iris, de la part d'Héra le chargea d'envoyer Morphée un de ses fils,
Auprès d'Alcyon.
Il devait prendre l'apparence de son mari Céyx.
Tué à Troie par Patrocle.

Hypnos séduit.
Il veille sur notre sommeil.

lundi 17 mars 2014

LA VILLA DE VIAREGGIO



Elle aimait retrouver l’intense rayonnement du soleil et s’étendre à même la roche friable du promontoire de la falaise qui surplombait l’élégante villa de Viareggio qu’elle occupait les jours d’été, une villa offerte par le comte qui se souvenait des jours de plaisirs et de joies intenses qu’il avait éprouvé en sa compagnie.
Elle s’étendait à même le sol, dans l’herbe rase qui recouvrait la roche. Parfois, les chèvres efflanquées de cette région de Toscane venaient lécher  peu de lait. Le fromage était rare.
Le soleil dardait ses flèches incandescentes sur son corps qu’elle dénudait progressivement dans une jouissance intense qui la rapprochait de la mort.

LAISSONS LA PENSÉE S' ÉPANOUIR



Laissons la pensée s’épanouir, fleur sombre, pistil diamantin, velours d’un pétale sombre dont l’envol est celui d’un oiseau triste et lent,



des pétales qui s’élargissent en corolle, s’envolent les désirs,

les joies,

les tristesses,

la nudité du sentiment,

sa froideur.



Sa distance se perd au fond du labyrinthe, se cogne contre les murs,



CHERCHE L’ISSUE.



Les multiples éclats, bribes de mots, de gestes,

mouvements amorcés,

interrompus,

repris, répercutés, retenus.



Une caresse une larme un cri, la nuit alors que les étoiles veillent.



Le bruissement des feuilles, le brouillard, un phare surgissant, luciole automobile.



Le silence,



LE CHANT de l’oiseau nocturne, le pas sur la route,

Le torrent qui n’en finit pas de se répandre

Au cœur de la vallée, une sonnaille…très loin…



Laissons la pensée s’ouvrir, fleur matinale,

les mains parcourir les courbes, les creux,



les doigts écarter, explorer,

les larmes brouillent le regard

le sourire s’éteint.



LE SILENCE ENVELOPPE LE CORPS ÉTENDU.



Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur.    


VISAGE D' AMBRE



Visage d’ambre
Imperceptible toucher
Ange… la rose….

*

Des lunes… une
Blancheur spectrale, la peur
Le frisson d’Éros.

*


©C/C                         

dimanche 16 mars 2014

Texte de Théo Lésoualc'h



De celui qui brandit l’arc.
Qui détruit le péché.

De celui qui a trois yeux
et dont la demeure est sur le mont Kailasa.

Dans Klim il y a le goût sacré
de la semence de Shiva,
le hurlement de douleur et de plaisir
de Parvati,
celle qui s’enivre de vin et de sang
et s’ouvre jusqu’au ventre
pour recevoir Shiva
plus fou que dieu.



Plus dieu


TEXTE DE RAINER MARIA RILKE

Il est étrange, sans doute, de ne plus habiter la terre ;
De ne plus suivre ses coutumes, qu’on vient d’apprendre à peine ;
Et de ne donner plus aux roses, à d’autres choses en promesse, la signification du devenir humain ; de n’être plus ce qu’on avait été dans l’angoisse infinie des mains, et puis d’abandonner jusqu’à son propre nom, tel un jouet brisé.
Étrange, de ne désirer plus les désirs. Étrange, de voir tout ce que des rapports tenaient liés ensemble, flottant si librement dans l’espace.
Être mort est un état pénible et plein de recommencements, jusqu’à ce qu’on parvienne et qu’on pénètre un peu l’éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute de faire trop grande leur différences.
Les Anges (dit-on) souvent ne savent pas s’ils passent parmi des vivants ou des morts.
Le courant de l’éternité à travers les deux règnes entraîne tous les âges avec soi, toujours, et les confond chacun.



Ils n’ont donc plus besoin de nous, enfin, ceux qu’enleva la mort précoce ; doucement du terrestre on se déshabitue, ainsi que doucement on passe l’âge ou l’on a besoin du sein de la mère.
                                                                                                      Rainer Maria Rilke