samedi 15 mars 2014

TU M'AS DIT...



Tu m’as dit on s’embrasse…

ce fut l’embrasement du pont lumière
la poursuite en feu
elle fit trembler nos corps


la délicatesse du geste
l’approche
sentir les énergies glisser


et se joindre
il pleuvait la gouttière débordait
le clapotement sur le dallage
c’était le battement de mon cœur
te voir traverser
la cour

-les pigeons cherchent refuge-


j’entends mon cœur battre...
et
te voir frileuse,
une course en évitant les flaques
les bras retenant les pans de la veste de lainage
ces bras qui retiennent
mes épaules tremblantes.

On s’embrasse.

vendredi 14 mars 2014

MOTS



MOTS


pensées
caresses
 chants d’oiseaux
musiques étranges…

les pas sur le sable
quelquefois des larmes
souvent des regards et l’éternité…

le soleil réchauffe les mots

la lune les embrase
une flamme éblouissante de blancheur.

un buisson ardent enveloppé de givre.
les  mots.
ils vont,
viennent, épousent les pensées,
parfois se noient dans les larmes.
le sel imprègne les yeux.
L'écriture est la photographie du savoir mais elle n'est pas le savoir lui  
-même
 
Le savoir est une lumière qui est en l'homme.

 
Il est l'héritage de tout ce que les ancêtres ont pu connaître et qu'ils 

nous ont transmis

en germe,

tout comme le baobab est contenu en puissance dans sa graine.


Ahmadou Emphâté Ba




 

TRACES



Traces

Se mouvoir dans l’obscurité accompagné du ruissellement des liquides infiltrés,
Eau, sang, pleurs,
Du glissement furtif des reptiles,
Du vent coulis
Pénétrant les roches disjointes
Rongeant la falaise
Laisser l’empreinte
Transmettre
Ligne parfaite de la voûte plantaire
Du premier homme
De la première femme
Des premiers sexes accouplés
émerveillement à la lumière des torches
                                              Visages gravés sur les concrétions

LE SENTIER DE NEIGE

Le sentier de Neige


ça crisse sous le pas.
Les premiers pas.
Le véhicule des forestiers
s'en est allé,
dans le froid,
troublant le chant des oiseaux.

Rémiges pétrifiées.

*

Le silence.
Branches chargées
d'ouate cristalline.

Arrêt sur image...
Écoute...

mercredi 12 mars 2014

L'ARBRE EST SACRÉ



L’arbre est sacré

                            en bordure du lac



eau dormante sent l’humide

une pirogue

femme étendue

                         l’homme en contemplation

                        virilité

homme en contemplation

brise dans le feuillage

clapotis près de la berge



                                  clappement du monstre écaillé il retombe sur l’eau saumâtre



l’arbre est sacré



une femme en couches parle aux racines demande l’enfant mâle



cris

pleurs

gémissements



                       jouissance dans la douleur



le pêcheur jette le filet

brillance

sur la surface agitée

une étoile monte du fond du ciel



CHANT NOCTURNE




Né d'un enlacement

La nuit de Pondichéry



La nuit de Pondichéry

étrange palais, l’ange sombre se faufile dans la couche des amants, le tumulte de la mer sur les rochers limitant la plage de Pondichéry, la moustiquaire de tissu fin est agitée sous la brise venue du large, les coups de boutoir d’elle et de lui, les chauves-souris qui pénètrent le lieu environnant, des cris et d’étranges grincements, au-delà des temples peuplés de singes le chant du muezzin tôt le matin au sommet du minaret, les matines au clocher des églises de cette ancienne colonie, à l’aube le riz au curry et le thé bouillant, soleil levant, sur les bords des chemins les hommes déféquant, un rituel, une méditation, un acte spirituel, l’enfant réclamant quelques roupies, une poignée de riz, un poisson sec, les ors des temples, le santal, le musc, l’encens, les musiques, et les litanies, une ville qui s’éveille.





mardi 11 mars 2014

KUNDALINI

La Kundalini est un terme sanskrit. Il désigne une énergie puissante lovée dans le chakra appelé mùlàdhàra.
Son emplacement est symboliquement lié au périnée. a représentation est celle d'un serpent enroulé sur lui-même trois fois et demi.

Beth Hart - Joe Bonamassa / STRANGE FRUIT

Ce poème mis en musique, poème de Abel Meeropol, à la suite du lynchage de Thomas Shipp et d'Abraham Smith nous parle de cette pratique ségrégationniste qui voulait qu'on pende les corps des suppliciés aux branches des arbres. En effet STRANGE FRUIT!!!
Ce poème fut chanté par Billie Holiday en 1939 au Café Society à New York.
La version que je donne est celle de BETH HART et Joe BONAMASSA.





dimanche 9 mars 2014

ÉCRIRE LE POÈME. de Petr Kràl



De Petr Kràl.

Écrire le poème.


Le POÈME, curieusement, s’écrit en grande partie tout seul ; il s’impose lui-même à son auteur et fait de lui l’instrument grâce auquel il prend corps. Je ne me compte plus parmi les surréalistes, mais je partage toujours deux de leurs convictions. D’abord le « vrai » poème naît d’une illumination, d’un instant d’inspiration et de vertige. Ensuite, ce qui fait le prix du poème est aussi qu’il puisse « fonctionner » dans la vie et nous indiquer – ou éclairer – les chemins d’une expérience réelle. Plus que des « mallarméens », sur ce plan, je me sens proche des «  rimbaldiens » de ceux pour qui les mots importent moins que les choses elles-mêmes. Comme pour Yves BONNEFOY, le poème n’est pas à mes yeux une gemme verbale mais une sonde susceptible de nous orienter ; il ne forme pas seulement un objet autonome, il complète aussi le réel qui nous entoure et reste en ce sens inachevé, pour ne devenir « signifiant » qu’en liaison avec les faits auxquels il renvoie. Bien « qu’absente de tous bouquets », la fleur du poème nous incite également à la chercher parmi les fleurs matérielles ; elle exige même que nous payions son écarlate avec du vrai sang.