samedi 31 mai 2014

KAKÉMONOS



Une vallée profonde et le cri des rapaces

                                                 Une vallée profonde dans les montagnes

du Valais.


Une vallée profonde recouverte de kakémonos en

soie



Le mot joie y est inscrit.... ton visage peint.  


Pour une muse.

BIPOLARITÉ DU DÉSIR



Bipolarité du désir : ÉROS
Éros constitue avec Chaos et Gaïa une des trois divinités primordiales.
La seule qui n’engendre pas mais qui permet à Chaos et Gaïa de le faire.
Beau et immortel il accompagne Aphrodite depuis sa naissance avec Himéros (le Désir).
Dans la Théogonie des Rhapsodies (théologie orphique) est à l’origine de la création. Né de l’œuf cosmique, union de l’Ether et du Chaos il est à la fois mâle et femelle.
C’est celui qui fait le plus de bien aux hommes (Banquet de Platon il inspire de l’audace). Thanatos est la personnification masculine de la Mort. C’est le fils de Nyx la Nuit et le frère d’Hypnos le sommeil. Thanatos venait chercher les mortels quand leur temps de vie était terminé. Il emportait une boucle de leurs cheveux et la dédiait à Hadès, le Dieu des Enfers. Puis il emportait le défunt.
C'est une notion moderne de la psychanalyse que d'associer la notion d'amour à celle de mort. Eros et Thanatos. Mais les anciens faisaient déjà le rapprochement.

IMMENSE PAGE BLANCHE

Une immense page blanche s'est déployée, et dans le même temps s'est vue recouverte par une bannière de soie portant le nom de Philippe JACCOTTET qui nous laissa ce texte:

"Je me souviens qu'un été récent, alors que je marchais une fois de plus dans la campagne, le mot joie, comme traverse parfois le ciel un oiseau que l'on entendait pas et que l'on identifie pas aussitôt, m'est passé par l'esprit et m'a donné, lui aussi, de l'étonnement. Je crois que d'abord, une rime est venu lui faire écho, le mot soie; non pas tout à fait arbitrairement, parce que le ciel d'été à ce moment-là, brillant, léger et précieux comme il l'était, faisait penser à d'immenses bannières de soie qui auraient flotté au-dessus des arbres et des collines avec des reflets d'argent, tandis que les crapauds toujours invisibles faisaient s'élever du fossé profond, envahi de roseaux, des voix elles-mêmes, malgré leur force, comme argentées, lunaires. Ce fut un moment heureux; mais la rime avec joie n'était pas légitime pour autant." 

vendredi 30 mai 2014

Périssoire



périssoire


dans l’herbe humide
il descend vers la berge
écarte les branches
les hautes herbes
une couleuvre dérangée dans son sommeil
file plus loin
il sait qu’il n’a rien à craindre
le courant
faible
roule les galets et gravillons
un chant d’eau
de bruits d’insectes
de roucoulements d’oiseaux
sur la pointe des pieds
il pénètre une première flaque
écarte un rideau de fleurs
la périssoire
 élancée
embarcation de bois léger
de toile goudronnée
l’enfant s’accroupit
touche avec respect l’esquif amarré
une chaîne la retient à l’avant et à l’arrière
il regarde au loin l’écume
les roches
la montagne qui barre l’horizon
il ferme les yeux
écoute
s’embarque pour le plus beau des voyages jusqu’au coucher du soleil
tard il rentrera à la maison
et
sera puni pour son retard
dans sa chambre
privé de repas
il repartira pour un nouveau voyage dans la douceur de son lit

POUR NOTRE MUSE... Ce poème de Philippe JACCOTTET



L'enfant s'est accroupi
aux pieds de la vieille et douce dame
en robe noire d'un autre temps.

Dans la corbeille,
encore toute enroulée,
la laine de sa vie,
et les ciseaux.

Ph. JACCOTTET

CE QU'IL Y A DANS LA TÊTE DE L'ANGE



Ce qu’il y a dans la tête de l’Ange.


Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur.
Les pétales s’écartent, s’envolent les désirs,
les joies, les tristesses,
la nudité du sentiment,
sa froideur,
sa distance se perd au fond du labyrinthe,
se cogne contre le mur,
cherche l’issue.
Les multiples éclats, bribes de mots,
de gestes,
mouvements amorcés,
interrompus,
repris,
répercutés,
retenus.
Une caresse, une larme, un cri, la nuit, alors que
les étoiles veillent.
Le bruissement des feuilles, le brouillard,
un phare surgissant, luciole automobile.
Le silence
troublé par le chant de l’oiseau nocturne,
le pas sur la route,
le torrent qui n’en finit pas de se répandre au cœur
de la vallée, une sonnaille dans le lointain…
Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur,
les mains parcourir les courbes,
les creux, les doigts écarter, explorer,
les larmes brouiller le regard
le sourire s’éteindre envelopper le corps étendu.

Laissons la pensée s’ouvrir comme une fleur.



jeudi 29 mai 2014

LE PASSEUR



Le passeur me prend la main
Et le miroir se brise,
mon regard bascule, le blanc des yeux, à l’heure du sommeil et des songes.

le passeur me prend la main, brise le miroir, mon corps étendu sur le fond de la barque
s’éloigne vers d’autres berges.

THANATOS et HYPNOS,
deux frères jumeaux,
attendent l’arrivée sur le sable.

Les uns resteront sur Terre,
Les autres disparaîtront dans l’immensité de la nuit,
pour un repos éternel.

DÉPLACEMENT



DÉPLACEMENT



Le sable et la roche
L’erg se déplace,
les pistes se brouillent
L’immensité du désert chante
Des roches bouleversées
cachent l’enfant vêtu de laine bleue.

Depuis les origines
Les caravanes se dirigent vers la grande roche dressée.
Mausolée de pierre friable.
Le vent sculpte et creuse la maison.
Abri troglodyte,
refuge.

Le guerrier bleu
en pierres millénaires,
de sel pétrifié,
protège l’enfant sur les bords du lac d’eau saumâtre.

L’enfant né de la source,
Il est recouvert d’herbes enduites de terre.

ESCLAVAGES ET DISCRIMINATIONS

LECTURES BILINGUES



YEREVAN-MARSEILLE

Atelier de traduction à Yerevan, Arménie
du 27 au 31 mai 2014

et lectures bilingues (français, arménien)
le samedi 31 mai 2014
à The Club, Yerevan

avec pour Yerevan
Karen Anthashyan, Avag Epremian et Chouchanik Thamrazian

et pour la France
Claude Chambard, Sarah Kéryna et Caroline Sagot-Duvauroux




Présentation :

Le cipM développe — avec l’aide de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur — sous le titre IMPORT / EXPORT une série d’échanges de poètes aboutissant à une publication bilingue.
Le principe de ces échanges se veut simple et efficace : Trois poètes français et trois poètes d’un pays étranger se rencontrent d’une part à Marseille et d’autre part dans une ville du pays concerné afin de traduire et d’être traduits collectivement. Ce travail de traduction collective donne lieu à une lecture dans chacun des pays à la suite de l’atelier de traduction et à une publication bilingue de l’ensemble des textes en langue originale et en traduction.

Les échanges se déroulent en deux temps :
• une session d’une semaine lors de laquelle les poètes français sont accueillis dans un pays étranger et traduits collectivement par les poètes étrangers avec l’aide d’un technicien de la langue.
• une session d’une semaine lors de laquelle les poètes étrangers sont accueillis à Marseille au cipM et traduits collectivement par les poètes français avec l’aide d’un technicien de la langue.

Pour cet échange Yerevan-Marseille le premier volet, consacré à la traduction française des auteurs arméniens, a eu lieu au cipM du 14 au 18 octobre 2014, et s’est conclu par une lecture publique bilingue.
Cette semaine la seconde session se déroule à Yerevan.



Et aussi...
BLACK MOUNTAIN COLLEGE
MANIFESTATIONS

vendredi 30 mai à 19h00
et samedi 31 mai à 17h00
au cipM
Performances, confèrences et tables rondes
avec
Joëlle Léandre, Jean-Pierre Cometti, Éric Giraud,
Judith Delfiner, Mary Holden, Anne Lucas, Christine Rodès.


mercredi 28 mai 2014

Black Mountain College


Sous la direction de Jean-Pierre Cometti et Éric Giraud
Imprimer cette page
cipM, mars 2014
ISBN : 979-10-91991-11-7 - ISSN : en cours




commander




Co-édité par les Presses Universitaires de Rennes et le cipM.

Crée un 1933 par John Rice, dans le contexte de la grande dépression, le Black Mountain College a été le théâtre d'une expérience sans précédent sur le plan artistique, éducatif et politique. Les études qui composent ce volume visent à leur donner l'attention et le relief dont ils ont été souvent privés et à mettre ainsi en lumière l'utopie fondatrice dont le Black Mountain College s'set exceptionnellement nourri.




Sommaire :

• Jean-Pierre Cometti et Éric Giraud : Introduction
• Joëlle Zask : Le courage de l'expérience
• Jean-Pierre Cometti : Black Mountain College et l'avant-garde américaine avant et après la Seconde Guerre mondiale
• Éric Giraud : Des faits du BMC : Lieux, contextes et administration du Black Mountain College
• Judith Delfiner : John Cage et l'héritage du Bauhaus à Black Mountain College ou « comment se débarrasser de la choucroute »
• Christian Tarting : Se taire est un récit
• Éric Mangion : Les White Paintings de Rauschenberg
• Rachel Stella : Black Mountain Review : un non lieu mythique
• Traduction Éric Giraud et Holly Dye : Charles Olson au Black Mountain College : lettres (1951 - 1968)
• Arnaud Labelle-Rojoux : Black Mountain, un mythe à facettes
• Jean-Pierre Cometti et Christian Tarting : Le passage à l'acte








commander par chèque (18.00 € TTC)


mardi 27 mai 2014

PROMÉTHÉE



PROMÉTHÉE.

Enchaîné.
Fixé à la roche par de lourds anneaux de bronze.
Nu.
Se prolonge le sacrifice.
Moment douloureux d’une attente nocturne, trouble du regard.

La connaissance est en lui,
C’est une poussière microcosmique infiltrée dans les interstices organiques des villosités cérébrales.
Plonger ses mains dans l’argile /
Malaxer, frapper la gangue refermée sur le sourire de l’enfant /
Désir de l’homme et de la femme /
Sourire du vieillard,
                               Ses regrets.
Torche d’une lune portée à bout de bras,

                                                                 Corps du supplicié découpé dans la roche sanglante.

ÉPIMÉTHÉE nu, en miroir, lui révèle sa nudité et le calme éternel
En font une statuaire grecque.
Le Mont Caucase.
Ultime station du parcours.

CHANT DE MORT AU CREUX DE L’HYPOPHYSE.

SES YEUX D'ARGILE

Ses yeux d'argile,

FISSURE,

Profonde, éveillée au sein des volcans et des profondeurs lacustres,

Des yeux d'argile parsemés de pierres de lune,

 BLEUS, insondables,
lumineux,
alanguis dans les abysses séculaires.

Mon regard parcourt la faune sauvage,  les ardeurs carnassières,
Mon regard parcourt la flore étrange, sous marine et silencieuse,
Mon regard parcourt la roche dentelée, meurtrière, parfois sanglante,
Mon regard parcourt l'étendue de sable,
Mon regard parcourt le goémon,
L'enfant noyé enchaîné aux algues des grottes sous-marines.

Son bleu est d'aveugle.
Son regard d'amante.
Ses caresses parfumées.

Une jouissance incontrôlable.

lundi 26 mai 2014



L’Écriture est une décharge de la souffrance.

Scholastique mukasonga

BUDDHA AU REPOS



Le Buddha au repos est en méditation, en contemplation.
Il contemple les nuages qui défilent dans l'étendue du ciel bleu.
Vous invite à la méditation et au repos du sommeil.

dimanche 25 mai 2014

LE FARDEAU.

LE FARDEAU



Des femmes au visage emplumé
Visage peint
Les yeux chargés de Khôl
Hissent le fardeau et font ployer mes épaules

Chétives

Craquement des os supportant mon crâne
Le cou se vrille
Et jusqu’au sexe un frisson douloureux.
Le campement, en plein désert, est peuplé de femmes
Le visage recouvert d’un tissu de coton fin, blanc ou noir,
La chevelure enveloppée,
Les doigts qui me chargent et parfois glissent sur mon corps,
Éveillant une jouissance repue,
Sont tatoués de henné bleu.

Habiles dans le geste


Un grondement lointain.
Le nuage apparaît, blanc et vaporeux,
Va nous envelopper et peut-être nous ensevelir et dessécher nos lèvres.


Transporter le fardeau près de l’immense fromager.
Les femmes se rassemblent.
S’étendent les coryphées noires
En majesté murmurent sous la lune.
La lune est pleine.
Dans le froid de la nuit chante le grillon.

L'ARBRE à PALABRE / À CROUPETONS



à croupetons

un arbre isolé
un puits
une poulie de bois vermoulu
une corde de chanvre

l’ombre de la dune s’allonge
sous l’arbre
hassan
            le marabout.

à croupetons

visage raviné
creusé par le vent
la pluie
le soleil
le froid de la nuit
les mouches se posent sur le crottin des dromadaires
il servira de pâte à papier,
la mer est lointaine...
quelques poissons séchés  sur les nattes colorées
étendues.
des femmes récitent les sourates.
Al-fatiha(n°1)
l’arbre à palabre.


de Golistan de Saadi Poète persan du 13°s

« Un jour, j'avais les pieds nus et aucun moyen d'obtenir des chaussures. J'allai trouver le chef de Kufah, dans un état de grande misère. Et là, je vis un homme qui n'avait pas de pieds. Je me tournai vers Dieu pour lui rendre grâce, repartis, et supportai désormais mes pieds nus avec patience.» 

Golistan de Saadi (poète persan du XIIIe siècle).