samedi 19 octobre 2013

IMPRESSIONS / Écrit sur la terrasse du bar.

Impressions
                   décalage
Sensations étranges
Étrangement vivaces et lancinantes /
Solitude /
Rivées au fond du cœur /
La ville bruyante - souffle d'angoisse -
Me tenaille.


Les enfants dans les rues ont le visage dur des guerriers
et le fleuve ininterrompu d' une mécanique lourde s'écoule
- reptile nauséabond -
Vibrant sur ses pattes multiples.
Le corps des femmes hurle le désir inassouvi
Comme l'artiste dans son (éjaculat) forcené.
Désir difficile d'exprimer
d'extraire l'hydre qui le fouille de ses mille tentacules
et le ventouse
                      jusqu'à la mort
mort lente, quotidienne
l'infini consumé par l'énergie incalculable souveraine
accélération effrayante de nos infimes particules.

vendredi 18 octobre 2013

LE GRAND DÉPART




Sur une plage solitaire préparation du départ pour la lointaine Europe.

LES ANGES NE SAVENT PAS... R.M. RILKE




 

 *






Il est étrange sans doute de ne plus habiter la terre;
de ne plus suivre ces coutumes, qu'on vient d'apprendre à peine;
et de ne donner plus aux roses, à d'autres choses en promesse,
la signification du devenir humain; de n'être plus
ce qu'on avait été dans l'angoisse infinie des mains,
et puis d'abandonner jusqu'à son propre nom, tel un jouet brisé.
Étrange, de ne désirer plus les désirs. Étrange,
de voir tout ce que des rapports tenaient lié ensemble,
flottant si librement dans l'espace. Être mort
est un état pénible et plein de recommencements,
jusqu'à ce qu'on parvienne et qu'on pénètre un peu
l'éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute
de faire trop grandes leurs différences.
Les Anges ( dit-on ) souvent ne savent pas s'ils passent
parmi des vivants ou des morts. Le courant de l'éternité
à travers les deux règnes entraîne tous les âges
avec soi, toujours, et les confond chacun.

Ils n'ont donc plus besoin de nous, enfin, ceux qu'enleva la mort précoce;
doucement du terrestre on se déshabitue, ainsi que doucement
on passe l'âge
où l'on a besoin du sein de la mère.


Rainer Maria RILKE 

jeudi 17 octobre 2013

AFRICULTURE: Lettre d'information/ LA CARAVANE DE SEL.

LE GRAND DÉPART


 Mots d'indignation de P. Chamoiseau et Nathalie M' de la Mounier.


MLampedusa : ce que nous disent les gouffres Patrick Chamoiseau
Lampedusa... Il faut des morts, beaucoup de morts, pour qu'une prise de conscience avance. Elle semble encore lointaine pour notre craintive Europe. En attendant que l'humanité remplace la répression, et que l'ouverture des esprits et des cœurs fasse progresser la chute des murs, ce qu'il nous faut bien appeler des héros sans visages perdent leur vie, comme autrefois les esclaves....O.B


Toute horreur crée son gouffre

ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l'Atlantique

le plus grand oublié des cimetières du monde

(crânes et boulets relient les îles entre elles

et les amarrent aux tragédies du continent)




Le gouffre chante contre l'oubli

en roulis des marées

en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite

(fascine des siècles dans l'infini de ce présent où tout reste possible)



Celui de l'Atlantique s'est éveillé

clameurs en méditerranée !

l'absurde des richesses solitaires

les guerres économiques

les tranchées du profit

les meutes et les sectes d'actionnaires

agences-sécurité et agences-frontières

radars et barbelés

et la folie des murs qui damnent ceux qu'ils protègent



chaussures neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !



les gouffres appelle le monde

les gouffres appellent au monde




l'assise ouverte

les vents qui donnent l'humain

l'humain qui va au vent

les aventures des peurs et des désirs

la seule richesse des expériences menées à la rencontre

les solidarités qui se construisent et qui construisent

les coopérations qui ouvrent et qui assemblent

et le suc et le sel de l'accueil qui ose



L'enfant a eu raison de mettre ses chaussures neuves

ce qu'il arpente au-delà de nos hontes

c'est le tranchant des gouffres génériques

qui signalent sous l'horreur

et qui fixent sans paupières

l'autre possible ouvert du meilleur de nous



en ombres en foudres en aubes

les gouffres enseignent longtemps



(toute douleur est apprendre et ce chant est connaître)



chant partagé d'une même planète.


 7 102 202

- See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=11835#sthash.7A5EhrDo.dpuf
Toute horreur crée son gouffre

ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l'Atlantique

le plus grand oublié des cimetières du monde

(crânes et boulets relient les îles entre elles

et les amarrent aux tragédies du continent)




Le gouffre chante contre l'oubli

en roulis des marées

en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite

(fascine des siècles dans l'infini de ce présent où tout reste possible)



Celui de l'Atlantique s'est éveillé

clameurs en méditerranée !

l'absurde des richesses solitaires

les guerres économiques

les tranchées du profit

les meutes et les sectes d'actionnaires

agences-sécurité et agences-frontières

radars et barbelés

et la folie des murs qui damnent ceux qu'ils protègent



chaussures neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !



les gouffres appelle le monde

les gouffres appellent au monde




l'assise ouverte

les vents qui donnent l'humain

l'humain qui va au vent

les aventures des peurs et des désirs

la seule richesse des expériences menées à la rencontre

les solidarités qui se construisent et qui construisent

les coopérations qui ouvrent et qui assemblent

et le suc et le sel de l'accueil qui ose



L'enfant a eu raison de mettre ses chaussures neuves

ce qu'il arpente au-delà de nos hontes

c'est le tranchant des gouffres génériques

qui signalent sous l'horreur

et qui fixent sans paupières

l'autre possible ouvert du meilleur de nous



en ombres en foudres en aubes

les gouffres enseignent longtemps



(toute douleur est apprendre et ce chant est connaître)



chant partagé d'une même planète.


 7 102 202

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" Toute horreur crée son gouffre "











mercredi 16 octobre 2013

RECUEILLEMENT de Pierre Jean JOUVE


La chambre est blonde et profonde et la cime d'olivier
        pâle

 Est dans le ciel encore plus pâle et l'automne sourit aux
        monts 
Et je regarde en moi seul y trouvant au lieu du coupable
Une promesse de cristal et force d'adoration

Je regarde un village d'or et je pense un air sans un
        souffle
Je devine les mers la-bas je recueille mon cœur ici
Je songe un Christ en notre sang, une plaie infinie et
        douce
Je songe un tonnerre divin dont tout le calme retentit.

RECUEILLEMENT de CH. BAUDELAIRE

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal CLIX
 
 
Charles Baudelaire est un poète maudit
C'est l'attirance du bien et de l'idéal
mais aussi celle du mal et de la débauche.
Il ose parler des Fleurs du Mal.
Il prend le parti de s'isoler dans le monde de la foule.
Et de retrouver l'apaisement dans la solitude.
 
*
 

mardi 15 octobre 2013

Hommage à Pierre Jean JOUVE mort à Paris le 8/01/1976

LA FEMME ET LA TERRE



Quand elle était, ce cœur était plus fort que la lumière
Son sang sous l’influence de la lune était plus ouvert
Que le sang répandu, et sa nuit plus obscure et velue
Que la nuit mais aussi scintillante et dure
Un sexe plus qu’une âme un astre plus qu’un sexe
Une église la chevelure la surmontait

Et vous qui dormez ! autre granit et vieilles roses
Qui passez et disparaissez dans un bain pur
Sans faiblesse comme sans distance
Hautes hautes terres étranger azur

Pesez sur elle qui n’est plus
Dans le temps ni sein ni spasmes ni larmes
Qui s’est retournée sur la terre
Vers l’autre plus cendreux soleil.

ÉTRANGE ! Ô JE SUIS ENCORE une vraie fois
Contre ton sein ton globe mystique au parfum
Plus suave que la rondeur du printemps
Et que la mort rosée chargée de veines,
Ton mamelon de femmes des vallées
Mon Hélène ! et je vois gonfler dans tes cheveux
La rose magnétique et pourpre de ce monde
Dans la touffe effrayante et des tresses d’enfance
Le merveilleux sentier en gloire et en fumée
La fente de la vie la rose de la langue.

La Femme et La Terre de PIERRE JEAN JOUVE




LA FEMME ET LA TERRE

lundi 14 octobre 2013

LA TERMITIÈRE

TERMITIÈRE







LA TERMITIÈRE




Dressée
Percée
Abri silencieux
Épigé
Système clos
Hublots.

Jan Pétrus aime le silence et le refuge des lieux secrets
De prière,
De calme dans le cœur.
Il aime jeter un regard,
Passer une partie de son visage,
Et revenir vite se protéger,
Étendre ses membres raides.

Enfant il se souvient,
Des nuits troublantes
Du chant de la hulotte
Et de son refuge dans la chambre quadrangulaire.

Réfugié dans un coin
C’est un nain dans l’immensité des lieux.

Á croupetons
Il fouille la nuit silencieuse de ce qui est démesuré,
Seul dans l’effroi de toucher le sol rugueux
Le souffle de Jan Petrus l’étouffe quand la nuit est trop chaude.



©christiancazals

dimanche 13 octobre 2013

L'ERRANCE

Les chemins  de notre errance
bordés de ronces flamboyantes
se croisent s'entrelacent s'éloignent
parfois se rapprochent et nous marchons de concert
main dans la main
jamais pourtant ils ne pourront se confondre
malgré notre art.

Ces chemins de poussière
rocailleux et souvent pénibles pour la marche
brûlent nos paupières quand le soleil est au zénith.
Une larme perle.
Les chemins de notre errance existent et nous emportent très loin vers le désert.
Le sable ensevelit tout de toi et te conserve au chaud
comme l'œuf de l'oiseau migrateur.
Éternellement.


©christiancazals