jeudi 19 décembre 2013
mercredi 18 décembre 2013
AFRICULTURES
L'infini, l'imparfait, l'inachevé
Adama Bamba
Avec Adama Bamba nous plongeons dans "L'infini - l'inachevé - l'imparfait", un titre évocateur et poétique pour une série d'images en noir et blanc de bâtiments en béton brut en voie de construction, de piliers photographiés de face, de côté, de bouts de fer qui, attendant d'être recouverts de ciment, se perdent dans un ciel infini.
On pourrait se croire dans un site industriel du nord de l'Europe : nous sommes au Mali, loin des clichés des villes africaines colorées et bruyantes.
Il n'y a pas de présence humaine mais par cette absence on devine le travail des hommes. Leurs labeurs.
Ces images sont poétiques et dures à la fois. Poétiques parce qu'elles ont été prises avec un regard attentif et presque aimant qui, partant du béton, amène notre regard au ciel où les problèmes d'ici bas semblent petites choses. Dures parce qu'elles nous en disent long sur une économie fragile, peut-être des malversations.
Ces photographies nous parlent d'abandon, de la solitude des choses, d'un arrêt du temps. Un élan déchu.
mardi 17 décembre 2013
LA BAGUE
Niarkos blêmit devant le corps que lui présenta
l’employé de l’institut médico légal.
Sur le chariot métallique pas de nom mais la lettre X.
Le cadavre devait avoir la soixantaine. Un visage
parfait de Dieu Grec. Cheveux et barbe blanche. Grand, musclé, une large
cicatrice refermée récemment cachait le trou béant de l’impact de la balle.
Niarkos se souvint de ce visage. Il plongea dans ce
qui fut sa prime enfance….
Sa vie
privilégiée de gosse de riche dans l’île de Délos.
Un père magnifique, très entouré, courtisé, un père
toujours très attentif pour son jeune enfant malgré ses escapades amoureuses et
ses voyages lointains.
Et puis brutalement, un jour qu’il revenait de la
plage, il avait dix ans, l’annonce de la mort du père, sa disparition en mer.
Le naufrage d’un de ses navires, il était armateur, au cours d’une croisière
lointaine dans l’océan antarctique.
Aujourd’hui, c’est la salle froide de l’institut
médico-légal, il est confronté à cet homme qu’il n’a pas oublié, étendu sur un
chariot de métal chromé, cadavre rigide, noble dans sa posture de gisant.
Maintenant, il se souvient des paroles feutrées
prononcées par les parents, par les proches, pendant son enfance. Personne ne
croyait au naufrage. Disparition corps et bien du yacht, pas de rescapés. On
pensait que le père, Yannis, s’était mis en marge du monde. On pensait qu’il
vivait dans un de ces monastères perchés.
Niarkos fit des études normales. L’école, la faculté,
le journalisme, les piges dans différents journaux d’Athènes.
à suivre
La Bague suite
La Bague suite
Niarkos blêmit devant le corps que lui présenta
l’employé de l’institut médico légal.
Sur le chariot métallique pas de nom mais la lettre X.
Le cadavre devait avoir la soixantaine. Un visage
parfait de Dieu Grec. Cheveux et barbe blanche. Grand, musclé, une large
cicatrice refermée récemment cachait le trou béant de l’impact de la balle.
Niarkos se souvint de ce visage. Il plongea dans ce
qui fut sa prime enfance….
Sa vie
privilégiée de gosse de riche dans l’île de Délos.
Un père magnifique, très entouré, courtisé, un père
toujours très attentif pour son jeune enfant malgré ses escapades amoureuses et
ses voyages lointains.
Et puis brutalement, un jour qu’il revenait de la
plage, il avait dix ans, l’annonce de la mort du père, sa disparition en mer.
Le naufrage d’un de ses navires, il était armateur, au cours d’une croisière
lointaine dans l’océan antarctique.
Aujourd’hui, c’est la salle froide de l’institut
médico-légal, il est confronté à cet homme qu’il n’a pas oublié, étendu sur un
chariot de métal chromé, cadavre rigide, noble dans sa posture de gisant.
Maintenant, il se souvient des paroles feutrées
prononcées par les parents, par les proches, pendant son enfance. Personne ne
croyait au naufrage. Disparition corps et bien du yacht, pas de rescapés. On
pensait que le père, Yannis, s’était mis en marge du monde. On pensait qu’il
vivait dans un de ces monastères perchés.
Niarkos fit des études normales. L’école, la faculté,
le journalisme, les piges dans différents journaux d’Athènes.
Aujourd’hui, à quarante ans, il parvient à une
maturité professionnelle telle, ce qui lui permet de faire de grands
reportages. C’est la raison de sa présence ici, dans ce lieu glacé, sinistre
jusqu’au carrelage blanc. Tout est blanc.
Son travail ? Enquêter sur la mort du parrain de
la drogue dans son pays. On vient d’apprendre la mort de celui-ci, exécuté dans
un ascenseur de l’Hôtel Lutétia à Paris. Le visage du parrain est inconnu à ce
jour. Les services de police savent seulement qu’il porte à l’annulaire gauche
une bague dont le chaton représente un Apollon. La bague est fixée
chirurgicalement au doigt.
C’est ce que lui apprend l’employé de l’Institut avec
une voix blanche qui semble venir de l’au-delà. Il lui présente la bague placée
dans un petit sachet de plastique. L’annulaire gauche du cadavre a été disséqué
très proprement pour pouvoir libérer le bijou. Niarkos prend le sachet et
observe avec précaution l’anneau d’or et l’Apollon sculpté dans une minuscule
améthyste. La salle de reconnaissance est silencieuse, venant de très loin les
bruits de la ville. Niarkos regarde avec intensité le bijou puis lentement
repose le sachet sur le cadavre. Il ferme les yeux un instant. Ses lèvres
tremblent. Il regarde enfin l’employé, raide dans sa tenue blanche, bouge un
peu la tête pour le remercier et rapidement, tourne les talons et sort.
Niarkos est dans le jardin attenant à l’institut
médico-légal. Il est assis sur un banc face à la Seine. Une journée d’Octobre,
grise, humide. Niarkos touche sa main gauche, l’annulaire porte la même bague
que celle du cadavre.
Il replonge dans son enfance quelques jours avant le
départ du père. Tous les deux sont assis sur la plage privée de l’immense
propriété de l’armateur.
Le geste de celui-ci lui présentant l’anneau d’or
surmonté d’une améthyste sculptée : l’Apollon du Belvédère et ses
paroles : « Nous sommes reliés jusque dans l’éternité. L’anneau
s’élargira et à ta maturité fait le fixer à ton doigt. Il sera alors incrusté
pour la vie. Il faut que tu saches que ta mère est partie le jour de ta
naissance. Elle a quitté notre monde volontairement. »
Niarkos se lève et se dirige vers le bord du quai, il
s’assoit sur le sol et contemple la Seine. Pas très loin un accordéon dans le
bruit de la ville.
Il charge les poches de son pardessus avec quelques
pavés qui trainent, un morceau de métal qu’il glisse dans sa ceinture, puis il
se laisse aller au fil de l’eau.
Dans la salle de reconnaissance, l’employé fixe
l’anneau à l’annulaire gauche du cadavre, recouvre le corps d’un linceul
immaculé et fait glisser le chariot dans son logement. Il referme la porte,
éteint la lumière.
©christiancazals 12/2013
NUIT RHÉNANE
Jacqueline Waechter a laissé un nouveau commentaire sur l'article "Une grâce, un dramatique porte-à-faux, la pire des...":
NUIT RHENANE
Guillaume Apollinaire
Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire
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NUIT RHENANE
Guillaume Apollinaire
Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire
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lundi 16 décembre 2013
L'OR DES MOTS
L'or des Mots
,
Les Mots forgés aux flammes de l'enfer
Les mots, ceux que l'on dit, avec violence, avec douceur,
dans l'amour, dans la haine,
les mots prononcés à l'angle de la rue,
en cachette,
en brisant le verre de cristal,
en laissant s'écouler le champagne,
entre les seins de celle que l'on convoite,
les laisser s'écouler sur ses lèvres ouvertes,
ses lèvres de carmin,
ses lèvres prononçant des mots de feu,
des mots d'amour,
des mots...toujours des mots... qui sont notre lien... de chair...
des mots alors que l'on rend l'âme,
on lui prend la main,
on la serre,
les mots....un silence imperceptible,
Et les yeux se ferment sur les derniers mots.
Et puis le silence.
Une larme glisse sur la joue.
©christiancazals2013
,
Les Mots forgés aux flammes de l'enfer
Les mots, ceux que l'on dit, avec violence, avec douceur,
dans l'amour, dans la haine,
les mots prononcés à l'angle de la rue,
en cachette,
en brisant le verre de cristal,
en laissant s'écouler le champagne,
entre les seins de celle que l'on convoite,
les laisser s'écouler sur ses lèvres ouvertes,
ses lèvres de carmin,
ses lèvres prononçant des mots de feu,
des mots d'amour,
des mots...toujours des mots... qui sont notre lien... de chair...
des mots alors que l'on rend l'âme,
on lui prend la main,
on la serre,
les mots....un silence imperceptible,
Et les yeux se ferment sur les derniers mots.
Et puis le silence.
Une larme glisse sur la joue.
©christiancazals2013
dimanche 15 décembre 2013
LA FLEUR ROUGE
LA FLEUR ROUGE
Prologue.
Ce que je
voudrais dans cette explosion de joie, fragmentation des jours tristes qui
s’éloignent, hurlement des animaux sauvages broyant mes os, souillant mes
organes de la vie, de la vie qui file à la façon de la ligne du pêcheur
brutalement tendu par l’espadon, ce que je voudrais dans les tremblements de
mon corps, ce que je voudrais apprendre des larmes qui subitement coulent le
long de mes joues, déposant leur sel sur mes lèvres fissurées par le gel, ce
que je voudrais… pourquoi la solitude, la marche insensée dans ce désert de
mots, les mots qui sortent de ma bouche, se répandent sur le sable gris de mon
espérance, espoir de fuite en avant, vers le soleil ou les astres lumineux
perdus dans ce lointain désir que j’ai de purifier, de clarifier, d’ordonner,
d’exciser pour découvrir l’intérieur de mes rêves, exciser le pistil d’une fleur,
puis sucer la liqueur ambrée qui s’épanche et la boire indéfiniment, m’en gaver
et la laisser agir lentement, longues années d’attente fébrile, longues années
de prison, odeur des murs moisis, souvenirs de ces odeurs qui reviennent
régulièrement aux heures du soir, heures d’inquiétude quand le jardin
s’assombrit, quand la lune grimpe le long du mur, le mur couvert de lierre, là
bas, après le bâtiment qui gémit la respiration lente des corps qui souffrent.
Un chien me garde, servile, créature aux dents jaunes, déchaussées, qui sentent
fort quand il s’approche pour m’observer par le judas, le regard et l’odeur
forte…. LA CHAROGNE.
*
Les faits
Séquence 1. Intérieur nuit
train.
Dans ce train début du siècle,
compartiment tendu de tissu rouge élimé, taché, plongé dans une demi-pénombre.
Une lampe est suspendue sur le mur latéral.
Assis sur la banquette du
compartiment un homme retenu par une camisole de force se tient très droit, le
regard fixe, lointain. Il est encadré par deux infirmiers en blouse visiblement
très fatigués, les yeux mi-clos.
L’homme : S’il vous plaît, mon
secrétariat est-il averti de notre arrivé ?
L’infirmier
(las) : Oui
Oui.
Séquence 2 : Intérieur petit matin. Asile
Une pierre au sol porte une
inscription souhaitant la bienvenue aux arrivants.
On découvre un vaste hall
d’entrée, très long, éclairé par des hautes fenêtres armées de barreaux qui
donnent à ce lieu une ambiance carcérale.
Des pas résonnent sur le sol
dallé de pierres.
Au fond de la salle une grande
table de bois, derrière laquelle est assis un personnage imposant occupé à des
écritures.
Voix off de
l’homme en camisole. (forte et autoritaire)
Au nom de sa majesté impériale
je déclare qu’il faut procéder à l’inspection de cette maison de « fous » !
Surpris le secrétaire lève les
yeux et le fixe intensément.
Séquence 3 : Intérieur petit jour, chambre du « fou » ;
Au plafond large tache
d’humidité. Le visage du fou sort de son sommeil. La tache fait apparaître des
visages étranges, cris off, ricanements, pleurs, tous ces bruits viennent de
l’étage.
L’effroi se lit sur son
visage, les visages l’observent avec ironie.
Le fou est assis sur sa
paillassse et son regard fixe avec intensité la tache du plafond et les
encoignures des murs.
Il y a de la moisissure et par
endroit une fleur, rouge, semblable à un coquelicot.
La porte attire son regard,
surtout le judas.
(1)
Poème de Jim MORRISON
J'ai découvert que mon seul amour était d'un Dimanche bleu. Elle m'a regardé et m'a dit que j'étais le seul au monde.
Jim Morrison.
Maintenant j'ai une fille à moi.
Une fille qui m'attend aux moments tendres.
Une fille à moi,
elle est le monde,
elle est mienne.Jim Morrison.
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