samedi 25 octobre 2014



Ramallah



Après Damas, Beyrouth, Tanger, Alger, Amsterdam et Alexandrie, la ville de Ramallah a été choisie pour le septième atelier de traduction Import/Export organisé par le centre international de poésie Marseille .
Chaque atelier Import/Export est une expérience de traduction collective et mutuelle réunissant auteurs français, auteurs étrangers et traducteurs. Chaque atelier se déroule en deux sessions, à Marseille et dans une ville partenaire ; il est accompagné de rencontres/lectures publiques bilingues, et se poursuit par l'édition d'un livre.

En 2008, le premier volet de l'atelier Ramallah/Marseille – traduction des auteurs palestiniens en français – s’est tenu à Marseille avec Zuhair Abu Shayeb, Basheer Shalash, Ghassan Zaqtan (Palestine) et Jean Daive, Jean-Charles Depaule, Jérôme Mauche (France) ; il s'est conclu par une lecture publique le 31 octobre 2008.
Le second volet – traduction des auteurs français en arabe – se déroule à Ramallah du 27 octobre au 1er  novembre 2014, en partenariat avec l’Institut français de Ramallah, le Musée Mahmoud Darwich et le Centre culturel Khalil Sakakini.
Après Damas, Beyrouth, Tanger, Alger, Amsterdam et Alexandrie, la ville de Ramallah a été choisie pour le septième atelier de traduction Import/Export organisé par le centre international de poésie Marseille .
Chaque atelier Import/Export est une expérience de traduction collective et mutuelle réunissant auteurs français, auteurs étrangers et traducteurs. Chaque atelier se déroule en deux sessions, à Marseille et dans une ville partenaire ; il est accompagné de rencontres/lectures publiques bilingues, et se poursuit par l'édition d'un livre.

En 2008, le premier volet de l'atelier Ramallah/Marseille – traduction des auteurs palestiniens en français – s’est tenu à Marseille avec Zuhair Abu Shayeb, Basheer Shalash, Ghassan Zaqtan (Palestine) et Jean Daive, Jean-Charles Depaule, Jérôme Mauche (France) ; il s'est conclu par une lecture publique le 31 octobre 2008.
Le second volet – traduction des auteurs français en arabe – se déroule à Ramallah du 27 octobre au 1er  novembre 2014, en partenariat avec l’Institut français de Ramallah, le Musée Mahmoud Darwich et le Centre culturel Khalil Sakakini.

vendredi 24 octobre 2014

Texte de Patrick Modiano.... Se souvenir

J'ai connu Francis Jansen quand j'avais dix-neuf ans, au printemps de 1964, et je veux dire aujourd'hui le peu de choses que je sais de lui.
C'était tôt, le matin, dans un café de la place Denfert- Rochereau. Je m'y trouvais en compagnie d'une amie de mon âge, et Jansen occupait une table en face de la nôtre. Il nous observait en souriant. puis il a sorti d'un sac qui était posé sur la banquette en moleskine, à ses côtés, un Rolleiflex. Je me suis à peine rendu compte qu'il avait fixé sur nous son objectif, tant ses gestes étaient à la fois rapide et nonchalants. Il se servait donc d'un Rolleiflex, mais je serai incapable de préciser les papiers et les procédés qu'utilisait Jansen po ur obtenir la lumière qui baignait chacune de ses photos.
Le matin de notre rencontre, je me souviens de lui avoir demandé,par politesse, quel était à son avis le meilleur appareil photo. Il avait haussé les épaules et m'avait confié qu'en définitive il préférait ces appareils en plastique noir que l'on achète dans les magasins de jouets et qui lancent un jet d'eau si l'on presse le déclic.
Il nous avait offert un café et nous avait proposé de nous prendre comme modèles mais cette fois-ci dans la rue. Une revue américaine l'avait chargé d'illustrer un reportage sur la jeunesse à Paris, et voilà, il nous avait choisis tous les deux: c'était plus simple et ça irait plus vite et même s'ils n'étaient  pas contents en Amérique,
ça n'avait aucune importance.
Il voulait se débarrasser de ce travail alimentaire.
A notre sortie du café, nous marchions sous le soleil, et je l'ai entendu dire avec son accent léger:

Chien de Printemps.  

Djivan Gasparyan


Écrits sur la crête des vagues


Le flux et le reflux
Mouvements des rouleaux
Sommes étendus.

                    Étrange le chant élevé des mouvements                                                réguliers. 
Notre accord.
La sève inonde ce caprice
Compter les rayonnements de lune
Les sulfureux regards des étoiles
Compter chaque grain de sable
Que nous foulons dans lune danse rythmée
Rythme échevelé
Bouillonnant cerveau.
Cœur en chamade.

Lettre d’un addict ©christiancazalsleretour






lundi 20 octobre 2014

Testament spirituel du frère Christian, martyre de Tibérine


Testament spirituel du frère Christian



QUAND UN A-DiEU S'ENVISAGE...

S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNEE à Dieu et à ce pays.

Qu'ils acceptent que le Maître unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance. J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui- là qui me frapperait aveuglément.


J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cour à qui m'aurait atteint.


Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.


C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut- être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'islam qu'encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.


L'Algérie et l'islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Eglise, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : « Qu'il dise maintenant ce qu'il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.


Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sours et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !


Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN !


Incha Allah !


Alger, l décembre 1993.

Tibhirine. l janvier 1994. 

Sous la Tente MAURITANIENNE