L’eau,
l’enfant.
A
l’heure où la rosée monte du sol et enveloppe le corps des amants
- gelés, pétrifiés-
Le
soleil peine à passer quelques rayons par dessus les montagnes,
encore
la nuit,
enfant, je marche d’un pas décidé sur le chemin de
terre qui longe la rivière.
Le
torrent qu’elle fut dans les montagnes s’épanche à cet endroit et s’élargit.
Les
berges de sable caillouteux deviennent des hanches de femme alanguie offerte
dans la nuit douce qui disparaît pour laisser la place au matin odorant,
matin
frais de rosée, de chants d’oiseaux et de cris de chiens errants.
Des
sauts de poissons irisent la surface sombre
parsemée de mouches, d’insectes à pattes fines et désarticulées, de
fleurs, de ronces et de serpents d’eau qui filent jusqu’au hautes hautes herbes des
prairies.
Le
jeune promeneur solitaire, canne à pêche sur l’épaule, bottes crottées, avance
d’un pas décidé vers ce qui le début du séjour attire, fascine.
Le
gouffre
C’est
presque un lac. Un lac d’eau dormante après la chute sur les rochers.
Assis
sur l’arbre abattu par la foudre contempler ce miroir d’eau sombre.
Les
vieux du village racontent les soldats abattus précipités dans ce linceul
frissonnant, les enfants nés et noyés aussitôt.
Que
retirer de cet insondable trou d’eau !
Il
n’y a pas de fond disent les femmes voilées.
Peut
être une correspondance avec un monde
mystérieux.
©CHRISTIAN CAZALS 08/2014