samedi 10 mai 2014

Chant du Griot

*

Racines ouvertes
Au cœur de l'arbre sacré
Blancheur du masque.

*

Un oiseau blanc saigne
Cœur fripé dans la poche
Le bleu de l'' âme.

*

Une flèche a percé le plumage s'est engouffrée jusqu'au cœur
brisant l'envol majestueux.
L'œil pleure.
Déjà les rampants s'acheminent vers la carcasse.

RENCONTRE SUR LES BOLONGS

Nous nous retrouvons sur les bords du bolong. Frissons du petit matin, glissement furtif du lamantin, claquement sur la surface de l'eau, chant du piroguier, lutte du poisson des abysses revenu de l'immense océan, des fosses étranglés de rochers recouverts d'algues brunes, ceinturées de vestiges des navires antiques immergés.
Elle est nue, la bruine ayant une saveur salée flotte dans l'air autour de son corps, le soleil est caché et viendra montrer son visage quand le jour sera levé.
Appuyé sur sa perche le pêcheur lance son filet et guette les rides sur la surface de l'eau, rides laissant deviner la présence des minuscules poissons chat qui sont la nourriture quotidienne des monstres en chasse ou à l'affût.

jeudi 8 mai 2014

SIR ANGUS WILSON

.... Bref ils ont du fric maintenant..; je pense mes parents...mais ils ne croient pas en moi." Ils me prennent pour un raté, ou pire. Mais ça m'est égal; ils verront bien. Je me cherche c'est tout.
Si ma mère n'était pas morte elle aurait compris. Elle tenait à ce que je sache m'exprimer correctement, ma mère. C'est vrai que je parle bien, même si je n'écris pas correctement.

Bien sûr, si j'avais été poète ça n'aurait pas eu tellement d'importance:la poésie ça n'est pas une question de style, c'est les mots qui ont de l'importance. Faire de la poésie c'est un peu peindre avec des mots à mon avis. Quand j'ai vu rouge et que j'ai presque tué ce garçon ma mère m'a conduit chez un psychologue.
Mais après elle est morte et mon père s'est remarié avec sa putain.


 

mardi 6 mai 2014

MOUSSA
Histoire de Moussa


le pinceau effilé de son pied caresse les fines particules des roches cristallines dé-
posées par les mouvements de la terre.
Le ressac impitoyable rythme le chant de Moussa.

Moussa sur la proue de la pirogue
chante avec les oiseaux.

Il pince les cordes de la kora que le soleil illumine.
La musique guide le pêcheur sur l'océan.
L'esquif solitaire dirige sa proue vers le large
l'horizon s'éloigne à chaque plogée de la pagaïe.

Le filet s'étale et s'enfonce – plonge vers les fosses antiques de l'océan et emprisonne
la faune / flore à l'entour des épaves enfouies et des âmes de marins perdus.

Un silence de planète naissante, de soleil écartelé sur la masse des nuages, de blancheur de lune enveloppe le corps de Moussa... plus tard c'est dans un manteau
lumineux de fourrure sauvage, de rugissements nocturnes, de glissements - l e boa
constrictor rampe vers sa proie – un manteau cousu d'étoiles, de planètes filantes que Moussa s'endort.
La crête des vagues.
Un rayon de lune.


©christiancazals.


Le petit matin...

La chèvre bêle
chant d'amour et de noce
parfum du matin

lundi 5 mai 2014

MOUSSA

Moussa

Il dessine une kora sur le sable
Une trace
dans l'' or dispersé
sur l'' océan les jours de grand vent.
Un sillon d' où sort la musique des anges.
Moussa l'enfant né de l'' arbre marche sur la plage
et son regard
fixe une pirogue de bois peint.
Au bout de la plage le mirage...
une image déformée – case de terre et de paille -
la chaleur submerge le village,
le chant du piroguier
départ en haute mer.
Moussa laisse filer les grains de sable
une huile lumineuse sourd de sa peau.
Luisante, joyau étendu.
Il veille sur la pirogue de bois peint.


©christiancazals

dimanche 4 mai 2014

SOUFFLER LA SEMENCE

SOUFFLER

FÊTES VÉNITIENNES

Les Fêtes Vénitiennes.


Masques et Bergamasques / Palazzo di Borghho


Des Pierrots lunaires, d'extravagantes sorcières, des diables en rut hurlant la jouissance des enfers, accouplements de divinités chthoniennes, musique angélique sur la lagune, tambourins, mandolines, guitares, grands éclats de rire et cris énamourés, chants de gorge et roucoulis...
Le corps souple des femmes au rythme languissant autour du nouvel arrivant.
Des chuchotis...


le Comte...


le Comte...
aussi des larmes, et Fausta s'avançant vers lui mue par le désir,
attirée par sa présence.
*
Elle pénètre l'aura du comte pour se perdre.
Noblesse de sa démarche,
mouvement souple des hanches,
creux des lombes au parfum musqué.
*
En toute sérénité son corps glisse et vient se lover contre celui du comte.
Une coupe est tendue par un jeune éphèbe.
Le champagne glisse dans le corps échauffé de Fausta
son visage s'empourpre,
les lèvres s'entrouvrent,
une étrange vibration l'agite.
Le couple pénètre la foule multicolore, folle de rythme et de musique.
Ils disparaissent.
Au lever du soleil
les amants en lévitation iront sur les bords de la lagune.
Fausta, blottie dans les bras du comte laisse son regard se perdre
dans les brumes matinales.Épuisée elle ferme les yeux.
Les derniers masques s'éloignent du palais.
La respiration des amants sera une.

©christiancazals.Fêtes vénitennes