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Chant de la Caverne |
LES SEPT DORMANTS
Chant
de la Caverne
Ils
sont enchaînés.
Les
pieds, nus, simplement retenus par des bandes de cuir,
une neige poudreuse,
parsemée
de plaques de glace sur lesquelles il faut marcher avec prudence et
délicatesse,
un
vieux chien gris les précède et trottine sur le chemin muletier
taillé dans le roc à flanc de montagne.
Ils
sont sept et la buée sort de leur bouche.
Ils
sont enchaînés.
Escortés,
Ils
avancent, surveillés par des hommes en arme.
Comment
pourraient-ils s'échapper?
Pourquoi
fuir le sommeil promis?
Et
le repos de l'homme de charité.
Ils
sont sept et la buée sort de leur bouche.
Ils
sont enchaînés
Parfois
une prière marmonnée par le groupe
Un
regard vers l'homme de tête
armé,
bardé de sangles et de cartouchières.
Un vieillard se traîne
chute sur la roche gelée.
Ils sont sept et la buée sort de leur bouche.
Ils sont enchaînés
La colonne vêtue de hardes
et de voiles masquant le visage
longe le chemin des grottes.
Très bas le désert, immense de pierrailles et de sable,
on aimerait s'y rouler et se fondre dans le sol.
Ils sont sept et la buée sort de leur bouche.
Les corps se ploient de plus en plus
un chant entonné dans le froid
est repris par chacun d'entre eux.
L'écho emporte cette prière fervente
et la dépose dans le mystère des lieux sacrés.
Le soleil levant couronne la cime des pensées éternelles.
Ils sont sept et la buée sort de leur bouche.
Une ferveur monte en moi - dit l'un -
Un frisson parcourt mon corps - dit l'autre.
Chacun d'exprimer ce qu'il ressent.
Chacun de voir la mutation du visage du frère qui le côtoie.
Une prière et les yeux mi-clos.
Ils sont sept et la buée sort de leur bouche.
En tête de colonne
Djellaba déchirée et grasse de crace
Visage lacéré, lèvres gonflées,
Le voile sur le visage,
Il dirige, et surveille, se dirige vers la falaise percée de grottes.
Ils sont sept et la buée sort de leur bouche.