De
Petr Kràl.
Écrire
le poème.
Le
POÈME, curieusement, s’écrit en grande partie tout seul ; il s’impose
lui-même à son auteur et fait de lui l’instrument grâce auquel il prend corps.
Je ne me compte plus parmi les surréalistes, mais je partage toujours deux de
leurs convictions. D’abord le « vrai » poème naît d’une illumination,
d’un instant d’inspiration et de vertige. Ensuite, ce qui fait le prix du poème
est aussi qu’il puisse « fonctionner » dans la vie et nous indiquer –
ou éclairer – les chemins d’une expérience réelle. Plus que des
« mallarméens », sur ce plan, je me sens proche des «
rimbaldiens » de ceux pour qui les mots importent moins que les choses
elles-mêmes. Comme pour Yves BONNEFOY, le poème n’est pas à mes yeux une gemme
verbale mais une sonde susceptible de nous orienter ; il ne forme pas
seulement un objet autonome, il complète aussi le réel qui nous entoure et
reste en ce sens inachevé, pour ne devenir « signifiant » qu’en
liaison avec les faits auxquels il renvoie. Bien « qu’absente de tous
bouquets », la fleur du poème nous incite également à la chercher parmi
les fleurs matérielles ; elle exige même que nous payions son écarlate
avec du vrai sang.
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