vendredi 11 avril 2014

YASSA

LA KORA
Tendre la main et toucher le cœur des enfants


Rassemblés sur le sol écorché
Le sol de terre battue
Le sol gris de la case ronde.

Au centre le grand plateau d'aluminium poli, y frémit le riz
le poulet
le citron
dans son jus
l'huile en gouttelettes.

Une multitude de doigts
des minuscules
des boudinés
des très fins bagués de cuivre
et d'argent gravés à la pointe du silex.
Adembo l'aîné, griot et musicien habile, ses doigts glissent sur
les cordes de la kora.
Mahfou, le jardinier, ses yeux lumineux fixent les bougainvilliers
et ses lèvres tremblent... un chant intérieur. Pour l'heure il
participe au grand repas de fête.
Awa revient au village.
Awa, studieuse,toujours très loin dans ses pensées.
Awa la comédienne, elle qui parcourt le pays, chante, danse.
Dans quelques jours elle va franchir les mers, les continents,
pour une lointaine métropole.
Avec délicatesse, elle plonge ses doigts et roule le riz et le
poulet.
Gourmande, dépose une boulette sur sa langue.
Hostie.
Douceur du citron.
Plaisir répandu dans sa gorge et celle de ses frères.
L'enfance au village des pêcheurs... souvenirs en images
du soleil,
du rythme du djembé dans son cœur de femme libre.
Envol d'une palombe noire au dessus de l'écume, semence
étalée sur la plage.

Babacar et Souleymane, inséparables sur les chemins de
brousse,
dans les branches des arbres épineux et touffus.
Plaies et bosses en cours d'école et sur le terrain de foot.
Lamine encore étonné, à peine sorti de l'âge du bébé, il
commence à marcher, se roule dans le sable chaud.
Et puis Maurice Idrissa DIEDHIOU le vieux maçon.
Accroupie auprès du fromager
l'œil sur la case familiale,

près de la porte,
Ngoné Nuaa Mariana
et dans ses bras le dernier: Ibrahim,
enveloppé de batik bleu et or
bouche soudée au téton du sein généreux.

Toute une famille en Casamance dans l'entrelacs des
bolongs près de l'île aux oiseaux. 

©Cz 

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