TOMBE DE JEAN GENET Une tombe sur l'étendue -pierre de lave- noircissant le rouge de poussière touffeur d'un après-midi flamboyant. Tes mains serrant le fruit juteux rafraîchissant l'étreinte du soleil et là-bas une fois sur le sol d'Afrique Abandonné la mer le bleu à l'horizon blanchit et le silence autour de la pirogue pointant son étrave vers la falaise le clapotis le sel sur ta bouche ton corps en figure de proue recevant la brise musquée du désert traversé. Il est venu mourir s'étendre pour l'éternité le lourd manteau de terre lui servant de linceul la terre rouge pénétrant ses orifices la pluie brouillant son regard et l'air chargé de cris d'oiseaux et de vents maritimes en concert la nuit le jour un tourbillon de vie dans ce lieu retiré au-dessus de la ville. La ville qui la nuit n'en finit pas de s'illuminer et de cracher les flammes de ses incendies. Il est venu mourir le poète sur cette falaise écarlate il a creusé sa tombe en s'aidant de ses ongles arraché les roches encore brûlantes au feu d'une lave visqueuse s'écoulant inexorablement du sexe ouvert d'un volcan cicatrice ancienne du premier continent. Il dort enfin et repose. Flamme sort de son coeur et court la nuit sur le sol crevassé, chair millénaire, exposée avec par endroits une fleur une ronce un arbrisseau sec et cassant. La vie est là dans ce berceau de terre invitant le promeneur à grimper sous le feu du soleil. Parfois il s'arrête mouvement lent de la tête projetée en arrière, il s'abreuve au goulot d'une gourde de terre cuite. La fraîcheur de l'eau calme ses lèvres sèches,irrigue le profond du corps, le poète étendu frémit, il a froid, les étoiles montent haut dans le ciel. Jusqu'au petit matin jusqu'à la première prière, les bédouins garderont la tombe en faisant crépiter le feu du bivouac.
©Black Odalisque/christiancazals
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mardi 22 octobre 2013
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