Balthazar ( fixant le lointain avec ses jumelles ).
<< Mère, notre ville est belle et malgré l'odeur de charogne le jasmin chatouille l'intérieur de mon nez, les ruines sont belles mère sous le soleil levant, les arbres couverts de déchets humains, de sacs plastiques et de métal oxydé élèvent toujours leurs branches centenaires et implorent le ciel. Je découvre Dieu mère, celui dont tu m'as toujours parlé et que je n'arrivai pas à voir dans la richesse de notre pays, mère, Ibrahim a t-il terminé son chariot de loukoums?
Sur la rive droite du fleuve j'aperçois une longue file de combattants, ils sont de noir habillés, peut être des frères mais aussi des espions infiltrés, mère, ils vont en direction du grand aéroport, mais avant d'entrer sur les pistes ils doivent franchir un champ de mines, je le sais parce que c'est moi et les patrouilleurs qui étions chargés de le réaliser, mère, ils viennent de disparaître derrière la briqueterie, mère, s'ils essayent de traverser ils vont sauter.>> Balthazar
fixe ses jumelles sur la droite dans le prolongement du regard de la mère qui lève la tête. Silence 10 secondes. Terrible explosion. Rougeoiement dans le fond de la scène. Sur un écran les silhouettes des spectateurs. Balthazar fixe l'espace en feu.
La Mère:
<< Les jeunes recrues ont donné leur vie et leur cœur à la révolution, leur chair lacérée et maintenant leurs corps et leurs têtes roulent dans les ornières creusés par les chars; les fleurs broyées par la mitraille sont un matelas de douceur et de tendresse pour leur squelettes brisés.
Inch Allah.>>
A cour: Ibrahim pousse un chariot de marchand ambulant et s'avance vers la mère.
<< J'ai bricolé le fond du chariot. A peine plus épais que l'épaisseur d'un crayon à bille pointe bic. Il fait 1m50 de long sur 1m de large.
Bien à plat le plastic ne se verra pas et les loukoums sucrés et parfumés tromperont le flair des chiens.
Mère on peut aussi transporter des détonateurs mais pas les deux ensemble, ou de l'argent pour acheter des armes, demain mère je traverserai le pont surveillé par les patrouilles et j'offrirai des loukoums.
Ibrahim avec un grand sourire nous montre ses dents.
Pendant plusieurs jours je passerai pour tester les soldats, et Vendredi jour de prière je pourrai déjà apporter de l'argent au groupe d'intervention, j'ai hâte mère d'être à ce jour. Je serai grand et fort alors et nos combattants ne me verront plus comme un enfant inutile et bavard, vivement que je puisse les voir plonger les mains au fond du chariot et ressortir les munitions et l'argent et le plastic pour faire danser les infidèles, mère, paix à mon père qui se trouve depuis un an auprès de Dieu.
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