dimanche 20 octobre 2013

FENÊTRES ou IBRAHIM l'enfant vendeur de loukoums



  L’enfant vendeur de loukoums. Ibrahim
  L’Homme bleu. Balthazar
  La femme obèse
  L’Ermite Messager

FENÊTRES

Au début du spectacle les spectateurs sont plongés dans le noir.
Bruits lointains de guerre.
L’obscurité est traversée de temps à autre par des éclairs.
Le bombardement se rapproche pour devenir assourdissant.
Spectateurs plongés dans le noir.
Brutalement silence complet.
Côté jardin une masse  sombre apparaît progressivement.
C’est la femme obèse assise à même le sol.
On entend la femme marmonner puis ses paroles deviennent plus distinctes.
La femme parle avec un accent.

*

<< Cette époque de l’année voit naître les nouvelles pousses d’arbres fruitiers, les fleurs de couleur bleue, jaune, verte, et les oiseaux migrateurs, les insectes du bois et ceux qui peuplent la terre, les nuages sont rares dans le ciel et chaque jour un peu plus le soleil s’élève au  dessus de nos têtes.
Ibrahim prépare ton chariot de loukoums !! >> Elle dit ce fragment de phrase en tournant la tête vers le fond de la scène plongé dans le noir.
« J’ai quitté ma cuisine en ruine pour me réfugier ici dans cette pièce exigüe. C’est tout ce qui reste de l’immeuble, face au fleuve qui poursuit son cheminement éternel.
Maintenant il charrie des corps, des rats, des amas sanglants, des carcasses de véhicules incendiés, il y a même les pales d’un hélicoptère accrochées au grand arbre qui plonge ses branches dans l’eau boueuse et sanglante, l’hélico responsable de la destruction de notre immeuble, celui qui tournait au-dessus de nos têtes et ressemblait à un gros bourdon de verre et d’acier.
Heureusement Balthazar a pu l’atteindre avec ses dernières balles explosives, une gerbe de feu et il s’est abattu dans le fleuve. Maintenant les corps calcinés des jeunes guerriers gisent sur la plage souillée de plaques de goudron, Des vautours veillent jour et nuit. »
Les mères pleurent leurs fils disparus dans cette lutte sans gloire.
Apparaît Balthazar dans le fond de la scène, écharpe bleue et kalachnikov en bandoulière sur le ventre, sarouel déchiré, il regarde la salle au travers de jumelles.


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