Toute la nuit je fais la nuit.
Toute la nuit tu m’abandonnes lentement comme l’eau tombe lentement.
Toute la nuit j’écris pour chercher qui me cherche.
Mot à mot, j’écris la nuit.
Toute la nuit tu m’abandonnes lentement comme l’eau tombe lentement.
Toute la nuit j’écris pour chercher qui me cherche.
Mot à mot, j’écris la nuit.
Alejandra Pizarnik, peu connue et célébrée en France, est presque l’objet d’un culte dans sa patrie, l’Argentine, mais aussi dans le monde hispanophone. Sa noirceur, ses invocations amères, son suicide, auraient pu en faire un poète maudit. Il n’en fut rien, tant elle fut éditée et reconnue de son vivant. Mais la barrière, faite des tessons de la mort, édifiée dans son œuvre, effraie et tient en respect sans doute. Un voile noir couvre ses mots, elle glace et elle bouleverse tout à la fois.
« Ne pas oublier de se suicider. Ou trouver au moins une manière de se défaire du je, une manière de ne pas souffrir. De ne pas sentir. De ne pas sentir surtout » (Journal, le 30 novembre 1962).
La manière sera le suicide, mais jusqu’au bout elle sentira, elle ressentira son « je » écartelé, qui la happe vers le vide. Elle luttera pour circonscrire « l’épave en elle ». Elle aura appelé à jamais, parlé avec terreur et innocence pour pouvoir nommer ce qui n’existe pas. Elle aura su parler comme la nuit, comme elle calcinée d’absolu.
Elle était un poète mystique sans dieu.
J’écris contre la peur. Contre le vent avec des griffes qui se loge dans ma respiration.
Elle était un poète mystique sans dieu.
J’écris contre la peur. Contre le vent avec des griffes qui se loge dans ma respiration.
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