lundi 11 novembre 2013

CHŒUR DU MESSAGER

Untitled by cazalschristian
 Chœur du Messager.

Arpenter les chemins d'Orient
Surveiller les troupeaux.
Je repose la nuit au creux des buissons la tête protégée par un petit mur de pierre
et quand le soleil disparaît mes yeux s'emplissent du sourire des
étoiles.
La Grande Ourse le Chariot la Croix du Sud me raconte l' histoire des tribus
des nomades du désert
Le vent souffle et le sable s'envole jusqu'aux sommets des montagnes
arides.
Alors apparaissent les visages des guerriers.
Mes lèvres baisent leur front.
 Depuis la nuit des temps j'arpente les chemins d' Orient.

(Le messager est en djellaba noire il est de dos) 

Me perdre au désert et boire l'eau croupie des puits abandonnés.
Me nourrir de quelques dattes séchées.
Je suis l'ermite Messager et Solitaire transporté par les nuages de locustes.
j'observe,
je vais de l'un à l'autre,
rarement je suis accueilli avec bienveillance
et je ne connais pas la douceur des seins de femme.
Ma besace est un sac plein de paroles épineuses, douloureuses.
Je suis l'ermite Messager et Solitaire.
Ma besace est un sac de toile grise et je vais sur les chemins de l'orient.
Les combattants me confient leur message,
je parcours l'immensité du pays du prophète.
Les jours de tempête je me réfugie dans les ruines des palais,
mes pieds s'arrachent sur les roches des chemins de montagne.
J'ai les mains couvertes de sang.




Les combattants me confient leurs douleurs et leurs messages.
Je suis le confident des mères.
Je parle aux enfants martyrs.
Un linge de soie me permet d'essuyer leurs yeux;
la douceur de mes gestes calme l'angoisse nocturne,
leur nuque est raide.
Je vois dans les étoiles si le guerrier survivra.
Dans la ville en ruine j'erre nuit et jour.
Je quête ma survie.
Á la chicane du pont
l'homme de troupe me laisse passer.
Je suis un misérable mendiant.
Un chien galeux.
   Vivre dans la rue sur un tapis percé.
Écouter ce qui se dit au marché
Et sur les avenues encombrées et bruyantes,
Assister aux massacres.
Voir les enfants brûler comme des torchères.
Bombes artisanales.
Je suis le promeneur privilégié.
Misérable célèbre.
À chaque drame je suis là
Et parfois j'aide et je réconforte.
Je prie et je pleure avec les mère éplorées.
J'embrasse les enfants.
Je soigne les plaies.
Je suis le messager à qui rien n'échappe
et je suis porteur des nouvelles
les bonnes comme les mauvaises,
celles qui font sauter de joie l'enfant
qui retrouve son père après le combat,
celles qui font baisser la tête aux femmes voilées de noir.
La journée a été chaude et mes pieds sont nus
aux talons écorchés.
Je suis perdu dans les rues malodorantes de la vieille ville.
Les vieux fument leur pipe à eau près des carcasses incendiées,
se racontent les histoires sanglantes des temps reculés.
Parlent des jours à venir.
A l'heure de la sieste j'ai vu un enfant pénétrer chez
Ahmed, l'épicier.
Son petit chariot est resté longtemps sous le soleil,
dans la poussière de la rue,
puis un de nos frères est venu le chercher, et, à l'abri des regards,
l'a placé dans la resserre du magasin.
Mes yeux sont faibles, brûlés par le soleil et le sable du désert,
la vieillesse du corps fait son ouvrage,
la cécité s'installe,
et pourtant le regard se pose avec insistance sur toute chose.
J'ai vu à l'heure fraîche
l'enfant repartir en poussant son chariot.
Son visage était radieux,
il chantait et souriait.

noir complet  
  
 

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