mercredi 30 octobre 2013

FENÊTRES. La Mère et Balthazar

Moi et les autres femmes nous avons accouché des enfants du Dieu de ce peuple errant.
Sur les hauts plateaux des monts désertiques du Sud
les bergers nomades vivent sous la tente,
parcourent le désert à la recherche des puits,
sources inépuisables,
indispensables à notre survie,
eau surgissant des entrailles de la terre,
sa pureté inonde notre visage et ruisselle sur notre corps,
empruntant le chemin éternel des rides profondes du cou, des épaules et des seins.
Nous savons nous les femmes
la douleur excessive de ce don au peuple,
Dieu!
nous savons les soubresauts du corps étendu sur la natte de joncs,
l'écartèlement et la cambrure des lombes,
le fleuve de sang et les premiers cris.
Tu es Balthazar, le gardien de mes enfants en l'absence du père,
je sais ton importance dans l'organisation des combats de la cité,
ne soit pas le martyre,
le soldat crucifié.
Protège les dernières pierres de notre maison.

*

Mère,
on vient de relever la garde de nuit.

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