lundi 23 juin 2014

Dits de la Cathédrale d'images. Les Baux de Provence



Après midi d’un petit faune maladroit.


Et si la roche s’ouvre laissant apparaître la racine noircie d’un arbre centenaire
si la roche s’ouvre faisant sourdre les sources chaudes les vapeurs de soufre
si la roche s’ouvre brisant dans son écartèlement les branches basses des oliviers
si la roche s’ouvre
s’effrite, chauffée par le soleil, blanchit
si la roche s’ouvre sur le sourire de l’enfant
si la roche s’ouvre et se referme sur les joyaux des siècles endormis
si la roche s’ouvre protégeant l’agneau dans son réceptacle de craie
si la roche s’ouvre libre passage de l’ombre au désert
si la roche s’ouvre, bras ouverts, embrassant l’herbe des pacages
si la roche s’ouvre pétrifiant l’arbre des grottes inaccessibles
et si la roche s’ouvre sur les insectes millénaires
laissant apparaître le scarabée casqué et le lézard
le serpent et le volatile au visage de souris.

Et si la roche s’ouvre et te prend pour l’éternité ?



Les Baux de Provence. 31/03/99 / La Cathédrale d’Images
©christiancazals

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