jeudi 30 janvier 2014

Ré-écriture de la Fleur Rouge ©christiancazals






©agnès BalaŸ



LA FLEUR ROUGE

Prologue.

Ce que je voudrais dans cette explosion de joie, fragmentation des jours tristes qui s’éloignent, hurlement des animaux sauvages broyant mes os, souillant mes organes de la vie, de la vie qui file à la façon de la ligne du pêcheur brutalement tendu par l’espadon, ce que je voudrais dans les tremblements de mon corps, ce que je voudrais apprendre des larmes qui subitement coulent le long de mes joues, déposant leur sel sur mes lèvres fissurées par le gel, ce que je voudrais… pourquoi la solitude, la marche insensée dans ce désert de mots, les mots qui sortent de ma bouche, se répandent sur le sable gris de mon espérance, espoir de fuite en avant, vers le soleil ou les astres lumineux perdus dans ce lointain désir que j’ai de purifier, de clarifier, d’ordonner, d’exciser pour découvrir l’intérieur de mes rêves, exciser le pistil d’une fleur, puis sucer la liqueur ambrée qui s’épanche et la boire indéfiniment, m’en gaver et la laisser agir lentement, longues années d’attente fébrile, longues années de prison, odeur des murs moisis, souvenirs de ces odeurs qui reviennent régulièrement aux heures du soir, heures d’inquiétude quand le jardin s’assombrit, quand la lune grimpe le long du mur, le mur couvert de lierre, là bas, après le bâtiment qui gémit la respiration lente des corps qui souffrent. Un chien me garde, servile, créature aux dents jaunes, déchaussées, qui sentent fort quand il s’approche pour m’observer par le judas, le regard et l’odeur forte…. LA CHAROGNE.



*


Les faits

Séquence 1. Intérieur nuit train.

Dans ce train début du siècle, compartiment tendu de tissu rouge élimé, taché, plongé dans une demi-pénombre. Une lampe est suspendue sur le mur latéral.

Assis sur la banquette du compartiment un homme retenu par une camisole de force se tient très droit, le regard fixe, lointain. Il est encadré par deux infirmiers en blouse visiblement très fatigués, les yeux mi-clos.

L’homme : S’il vous plaît, mon secrétariat est-il averti de notre arrivé ?

L’infirmier (las) :   Oui  Oui.


Séquence 2 : Intérieur petit matin. Asile

Une pierre au sol porte une inscription souhaitant la bienvenue aux arrivants.
On découvre un vaste hall d’entrée, très long, éclairé par des hautes fenêtres armées de barreaux qui donnent à ce lieu une ambiance carcérale.
Des pas résonnent sur le sol dallé de pierres.
Au fond de la salle une grande table de bois, derrière laquelle est assis un personnage imposant occupé à des écritures.

Voix off de l’homme en camisole. (forte et autoritaire)

Au nom de sa majesté impériale je déclare qu’il faut procéder à l’inspection de cette maison de « fous » !
Surpris le secrétaire lève les yeux et le fixe intensément.

Séquence 3 : Intérieur petit jour, chambre du « fou » ;
Au plafond large tache d’humidité. Le visage du fou sort de son sommeil. La tache fait apparaître des visages étranges, cris off, ricanements, pleurs, tous ces bruits viennent de l’étage.
L’effroi se lit sur son visage, les visages l’observent avec ironie.
Le fou est assis sur sa paillassse et son regard fixe avec intensité la tache du plafond et les encoignures des murs.
Il y a de la moisissure et par endroit une fleur, rouge, semblable à un coquelicot.
La porte attire son regard, surtout le judas.










1 commentaire: