Ce que je voudrais dans cette
explosion de joie, fragmentation des jours tristes qui s’éloignent, hurlement
des animaux sauvages broyant mes os, souillant mes organes de la vie, de la vie
qui file à la façon de la ligne du pêcheur brutalement tendu par l’espadon, ce
que je voudrais dans les tremblements de mon corps, ce que je voudrais
apprendre des larmes qui subitement coulent le long de mes joues, déposant leur
sel sur mes lèvres fissurées par le gel, ce que je voudrais… pourquoi la
solitude, la marche insensée dans ce désert de mots, les mots qui sortent de ma
bouche, se répandent sur le sable gris de mon espérance, espoir de fuite en
avant, vers le soleil ou les astres lumineux perdus dans ce lointain désir que
j’ai de purifier, de clarifier, d’ordonner, d’exciser pour découvrir
l’intérieur de mes rêves, exciser le pistil d’une fleur, puis sucer la liqueur
ambrée qui s’épanche et la boire indéfiniment, m’en gaver et la laisser agir
lentement, longues années d’attente fébrile, longues années de prison, odeur
des murs moisis, souvenirs de ces odeurs qui reviennent régulièrement aux
heures du soir, heures d’inquiétude quand le jardin s’assombrit, quand la lune
grimpe le long du mur, le mur couvert de lierre, là bas, après le bâtiment qui
gémit la respiration lente des corps qui souffrent. Un chien me garde, servile,
créature aux dents jaunes, déchaussées, qui sentent fort quand il s’approche
pour m’observer par le judas, le regard et l’odeur forte…. LA CHAROGNE.
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