vendredi 13 décembre 2013

PROLOGUE DE LA FLEUR ROUGE (1)



Ce que je voudrais dans cette explosion de joie, fragmentation des jours tristes qui s’éloignent, hurlement des animaux sauvages broyant mes os, souillant mes organes de la vie, de la vie qui file à la façon de la ligne du pêcheur brutalement tendu par l’espadon, ce que je voudrais dans les tremblements de mon corps, ce que je voudrais apprendre des larmes qui subitement coulent le long de mes joues, déposant leur sel sur mes lèvres fissurées par le gel, ce que je voudrais… pourquoi la solitude, la marche insensée dans ce désert de mots, les mots qui sortent de ma bouche, se répandent sur le sable gris de mon espérance, espoir de fuite en avant, vers le soleil ou les astres lumineux perdus dans ce lointain désir que j’ai de purifier, de clarifier, d’ordonner, d’exciser pour découvrir l’intérieur de mes rêves, exciser le pistil d’une fleur, puis sucer la liqueur ambrée qui s’épanche et la boire indéfiniment, m’en gaver et la laisser agir lentement, longues années d’attente fébrile, longues années de prison, odeur des murs moisis, souvenirs de ces odeurs qui reviennent régulièrement aux heures du soir, heures d’inquiétude quand le jardin s’assombrit, quand la lune grimpe le long du mur, le mur couvert de lierre, là bas, après le bâtiment qui gémit la respiration lente des corps qui souffrent. Un chien me garde, servile, créature aux dents jaunes, déchaussées, qui sentent fort quand il s’approche pour m’observer par le judas, le regard et l’odeur forte…. LA CHAROGNE.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire