mercredi 2 octobre 2013

CONTRE (H. MICHAUX)

etCONTRE ( H. MICHAUX )






Je vous construirai une ville avec des loques, moi !
Je vous construirai sans plans et sans ciment
Un édifice que vous ne détruirez pas,
Et qu'une espèce d'évidence écumante
Soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire au nez,
Et au nez gelé de tous vos parthénons, vos arts arabes,

Et de vos Mings.


Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard
Et du son de peau de tambour,
Je vous assoirai des forteresses écrasantes
Et superbes,
Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,
Contre lesquelles votre ordre multimillénaire
Et votre géométrie
Tomberont en fadaises et galimatias et poussières
de sable sans raison.

Glas!Glas!GLAS! sur vous tous, néant sur les vivants;
Oui je crois en Dieu! certes il n'en sait rien!
Foi semelle inusable pour qui n'avance pas;
O monde, monde étranglé,ventre froid!

Même pas symbole; mais néant, je contre, je contre,
Je contre et te gave de chiens crevés.
En tonnes , vous m'entendez, en tonnes je vous arracherai,
Ce que vous m'avez refusé en grammes.

Le venin du serpent est son fidèle compagnon,
Fidèle et il l'estime à sa juste valeur,
Frères, mes frères damnés suivez-moi avec confiance,
Les dents du loup ne lachent pas le loup.
C'est la chair du mouton qui lache.

Dans le noir nous verrons clair mes frères.
Dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite.
Carcasse, ou est ta place ici, géneuse, pisseuze, pot cassé?
Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages
Tendus des quatre mondes!
Comme je vais t'écarteler!


H. MICHAUX

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire