dimanche 29 septembre 2013
SOUFFRIR
Souffrir d'être sur la branche et ne pas pouvoir voler
Souffrir "d'être" sans pouvoir chanter
Souffrir d'être bec cloué
Et corps lié
Souffrir d'avoir sa vie en bandoulière,
Rythmer chacune des heures de son travail,
Souffrir d'avoir le cœur très lourd
Beaucoup plus de peines que d'espoirs,
Souffrir "d'être" sans pouvoir aimer
Pieds et poings liés.
©christiancazals
En commentaire M.L. ARMAND rajoute à notre texte:
" Souffrir d' être un acteur impuissant devant certaines situations aberrantes de la vie..."
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"Un des motifs de l’art et de la pensée, c’est une certaine honte d’être un homme. L’écrivain qui l’a dit, redit, le plus profondément, c’est Primo Levi. Il a su parler de cette honte d’être un homme, dans un livre extrêmement profond puisque c’est à son retour des camps d’extermination. Il dit : quand j’ai été libéré, ce qui dominait, c’était la honte d’être un homme. C’est une phrase à la fois très splendide, très belle, et puis ce n’est pas de l’abstrait. C’est très concret, la honte d’être un homme. Mais ça ne veut pas dire nous sommes tous des assassins. Ça ne veut pas dire nous sommes tous coupables. Il dit : ça ne veut pas dire que les bourreaux et les victimes sont les mêmes. On ne nous fera pas croire ça. La honte d’être un homme, ça ne veut pas dire : on est tous pareils, on est tous compromis, etc. Mais ça veut dire plusieurs choses. c’est un sentiment complexe, ce n’est pas un sentiment unifié. La honte d’être un homme, ça veut dire à la fois : comment des hommes ont-ils pu faire cela ? Des hommes, c’est-à-dire d’autres que moi, comment ils ont pu faire ça ? Et deuxièmement, comment est-ce que moi, j’ai quand même pactisé, je ne suis pas devenu un bourreau, mais j’ai pactisé assez pour survivre,, et puis une certaine honte d’avoir survécu, à la place de certains amis qui n’ont pas survécu. C’est donc un sentiment très complexe. Je crois qu’à la base de l’art, il y a cette idée ou ce sentiment très vif d’une certaine honte d’être un homme qui fait que l’art, ça consiste à libérer la vie que l’homme a emprisonnée. L’homme ne cesse pas d’emprisonner la vie, de tuer la vie, la honte d’être un homme, l’artiste c’est celui qui libère une vie, une vie puissante, une vie plus que personnelle, ce n’est pas sa vie…"
RépondreSupprimerGilles Deleuze