samedi 14 septembre 2013

LA COUR INTÉRIEURE



La cour intérieure


Les sédiments se sont déposés en couche successives – crues et décrues – pluies interminables quand les larmes dessinent sur nos joues d’enfants les traces salées des peines, des amours brisés, des amitiés perdues. Les orages déposent chaque jour la terre épaisse, gluante, grise, dans laquelle tu plonges tes racines avec délice.
Fleur de ces îles lointaines, senteurs alizés dans les replis de ton corps, longue tige arborescente, sexe infiniment souple, tu pénètres et explores la profondeur de cette vie souterraine.
Nourriture spirituelle d’un sol marqué de souvenirs. Une jouissance renouvelée chaque jour que celle d’explorer, d’avancer toujours plus profondément dans ce labyrinthe de galeries humides, quelques fois étroits boyaux ceinturés d’angoisse gluante, de vastes basiliques à la voûte étoilée ; les chants de joie résonnent jusque dans le gouffre insondable de tes pensées.
Dans la cour de la maison de nos ancêtres, la maison familiale,  havre des enfants égarés, les jours qui suivirent la mort de l’aïeule, le figuier qui depuis notre enfance étalait ses branches et nourrissait les oiseaux s’est abattu.
Une pourriture le rongeait à la base.
J’ai vu quelques pousses vigoureuses renaître, plonger dans le profond du sol.
Maintenant elles dirigent leurs bras d’enfants avides  vers le ciel bleu découpé par l’Artisan entre les murs lézardés.
Les oiseaux reviennent.
Des jeunes enfants jouent, le calme de midi s’installe, c’est une douce caresse, un chant d’amour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire