Plage
Maori, l'enfant Bois
La
trace multiforme d'une larve sur la planche de bois des îles
s'étire
au fil des jours,
se
creuse,
puis
remonte et vrille le cœur solide du meuble.
L'homme
Maori a découvert cette étrange boîte sur la plage
de
sable noir
quelques
jours après le naufrage.
La
frégate royale,
mâts
brisés
coque
éventrée,
est
échouée sur la roche volcanique.
L'île
sombre est ceinturée d'écume.
Une
odeur de bois brûlé,
gréements
écartelés,
dispersés
dilate
les narines.
Une
mousse blanchâtre chante sur les plaies de la chaloupe.
Le
chapelet de sperme écumant masque le nom barbare du navire
<<
EL BRAHIM JAS >>
Le
bois chante, gémit sous le ressac,
le
bois s'éclate,
se
fend,
vole
en éclat sous les coups de boutoir de la mer furieuse.
Dislocation
savante
Un
partage.
Le
bois précieux s'enfonce et disparaît sous la vague,
l'écorce
fragile,
les
éléments de contention,
cuir
luxueux et clous,
se
répandent et brillent sur le sable.
*
Plus
tard
l'homme
Maori prend l'enfant dans ses bras
et
lui fait sauter les flaques de jus saumâtre et brunissant.
Une
flèche de bois à la main,
un
carquois creusé dans le bambou solide du rivage,
une
aiguille de santal
transperce
les narines et pare le visage du guerrier.
*
L'homme
Maori allonge l'enfant,
lui
caresse le ventre,
l'entoure
de fines planches d'acajou cousues
Il
le dépose au fond du petit cercueil ainsi confectionné.
Il
souffle sur les pieds de l'enfant
et
doucement,
un
geste caressant,
un
signe vers l'horizon,
confie
l'esquif funèbre à la mer.
Longtemps
le cercueil de bois flottera entre les îles.
Les
sorciers en palabre
sous
les arbres peuplés de singe,
diront
qu'ils ont vu le Dieu de la forêt.
L'enfant-bois-
L'enfant
aux veines parcourues par les vers lumineux qui peuplent la plage
montreront
la route aux vaisseaux perdus.
Le
bois et la pierre s'épousent sauvagement
sur
les contreforts de l'île.
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