LECTURE AFRICAINE
[…] le poète est une ombre craintive sur un fauteuil déchu face au lampadaire éteint d'une mosquée endormie et rêve au jour qui se lèvera sans lui.
Samira Negrouche
Faut-il raconter un recueil de poèmes ? Si celui-ci s'y prête, pourquoi pas ? La vélocité des aveux de la poète algérienne - où ses perceptions se mélangent aux notations autobiographiques - décourage toute tenta tive d'interprétation péremptoire (1). Cette limitation est heureuse. Elle ouvre au lecteur la possibilité de goûter l'essentiel, ce qui revient à con templer, autant que faire se peut, la beauté des formules. Nous lisons par exemple : "cet homme léopard / sur le départ de course et [qui] s'en va caresser / l'horizon (2)". Voilà, le paysage est planté, le cap, fixé. Le Beau est la quête de toute poésie vraie. Notons déjà une première et discrète allusion à Senghor, le grand poète séné galais - le "lion" Léopold, qui se dit aussi "léopard" -, tout détail que nous retrouverons quelques pages plus loin. Samira Negrouche n'est certaine ment pas la première écrivaine du Maghreb à montrer son accointance avec l'Afri que noire. Je pense au Tunisien Tahar Bekri, je pense à Kateb Yacine, je pense aux poètes ma rocains… Mais revenons aux considérations relatives au père. La stance qui suit mériterait d'être citée intégra lement :
c'est une âme
errante
à la recherche de la mémoire
solitaire et oublieuse
qui croit se laver
sous les pluies d'orages
et de sang
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