J'ai connu Francis Jansen quand j'avais dix-neuf ans, au printemps de 1964, et je veux dire aujourd'hui le peu de choses que je sais de lui.
C'était tôt, le matin, dans un café de la place Denfert- Rochereau. Je m'y trouvais en compagnie d'une amie de mon âge, et Jansen occupait une table en face de la nôtre. Il nous observait en souriant. puis il a sorti d'un sac qui était posé sur la banquette en moleskine, à ses côtés, un Rolleiflex. Je me suis à peine rendu compte qu'il avait fixé sur nous son objectif, tant ses gestes étaient à la fois rapide et nonchalants. Il se servait donc d'un Rolleiflex, mais je serai incapable de préciser les papiers et les procédés qu'utilisait Jansen po ur obtenir la lumière qui baignait chacune de ses photos.
Le matin de notre rencontre, je me souviens de lui avoir demandé,par politesse, quel était à son avis le meilleur appareil photo. Il avait haussé les épaules et m'avait confié qu'en définitive il préférait ces appareils en plastique noir que l'on achète dans les magasins de jouets et qui lancent un jet d'eau si l'on presse le déclic.
Il nous avait offert un café et nous avait proposé de nous prendre comme modèles mais cette fois-ci dans la rue. Une revue américaine l'avait chargé d'illustrer un reportage sur la jeunesse à Paris, et voilà, il nous avait choisis tous les deux: c'était plus simple et ça irait plus vite et même s'ils n'étaient pas contents en Amérique,
ça n'avait aucune importance.
Il voulait se débarrasser de ce travail alimentaire.
A notre sortie du café, nous marchions sous le soleil, et je l'ai entendu dire avec son accent léger:
Chien de Printemps.
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