samedi 12 octobre 2013

DIADÈME III & DIADÈME IV de PIERRE JEAN JOUVE





Pire
      dis-tu lorsque l'écho
Ranime à nos forêts soupire
Mais tu ne cesses vierge rire
Les trompettes de Jéricho
Quand le soleil paraît sous une hermine hiver
Quand le soleil fumant force la saison chaude
Puisque tu n'oublies pas les raisons de l'éther
Vérité tu n'as pas l'erreur
Humanité pas la hideur
Car ton œil d'astre n'a pas fraude.


                          *

Porteuse de diadème baise
Ma tristesse d'abandonnement
Ma maison se tient dans mon ascèse
Elle ouvre sur un pays mourant.
Trop haute en diamant étincelle!
Que ta virginité seuil d'ardeur
Fasse mon âme franchir réelle
Le barrage de honte et de pleur. 
Frida Kahlo et Diego Rivera au Musée de l’Orangerie en 2013




Un Buisson Ardent

Moment de Grâce.
Le corridor sombre débouche sur une vallée inondée de soleil.
Le soleil d'une vie.
C'est un moment de grâce car
Aux alentours les roches sont dispersées
En éboulis
Se dressent et parfois cachent le rayon solaire
inondant ton visage.

Buisson vert, vert lumineux parsemé de boules rouges.
Les ronces parfois retiennent la soie de la djellaba, font une déchirure mystérieuse, écorchent les lieux secrets de ton corps et laissent s'épancher
un filet de sang.

Le silence est sacré.
Un moment de recueillement.
Toi.
Étendue. Offrande.


©christiancazals



*

vendredi 11 octobre 2013

Il y a dans nos gestes des moments intenses.

C/C

PIERRE JEAN JOUVE

DIADÈME


Diadème porte couronne
Porte cheveux et col roulé
Porte sein et ventre rosé
Porte et que rien ne m'abandonne!
Porte ravin d'or en secret
Porte bleus yeux de charité!
Porte clef ouverture et somme
Ambre chaleureux et péché!
Éclaire nue la nudité
Éclaire grâce l'esprit d'homme
Éclaire les nuits de la guerre
Incendie le lieu où  espère! 

                        *

Séjour de première jeunesse
Solitude cage d'oiseaux
Petit jardin des monts d'étude
Paix infernale des tombeaux
Diadème et béatitude
Et loin d'une bouche aux poils beaux
Je t'écoute brillant sonore
Atteindre la voûte des eaux
Dépasser l'amour pour que meure
La mort gracieuse largesse.





Nous avons ceint nos reins, affermi les remparts de notre cœur, nous avons repoussé lances et roses.

LÉOPOLD SEDHAR SENGHOR


 

jeudi 10 octobre 2013

MON SAULE



MON SAULE

Mon saule pas normal
Ressemble à personne surtout pas aux buissons ardents longeant le fossé
Pas banal
Vue la façon dont il détonne dans le parc du château.
 La châtelaine est vêtue d’une longue étoffe de moire
Masquant sa nudité. 
Mon saule se déploie dans tous les sens.
Avec ses feuilles au bout des branches
Il part en reconnaissance.

À la Saint Abandon
Deux chevaux Pie
Chevaux d’Indiens
Chevaux sauvages.

©christiancazals

IL SE REGARDE DANS LE MIROIR











Rencontre autour du n° 26 de CCP
Cahier Critique de Poésie et son dossier

Lorine Niedecker • Alejandra Pizarnik • Rosmarie Waldrop


Trois femmes, trois destins, trois œuvres, trois écritures.
Trois œuvres singulièrement solitaires. Trois écritures dont le lecteur peut observer
le déplacement des sources. Ces trois noms, que l'actualité éditoriale retrouve,
composent le dossier du n° 26 du Cahier Critique de Poésie (CCP) publié par le cipM
(à paraître en novembre 2013).

Dimanche 13 octobre 2013, à 16 h 30
Salle Jean-Claude Montel, Espace des Blancs Manteaux
48, rue Vieille du Temple, 75004 Paris


mercredi 9 octobre 2013



La séduction est de l'ordre du rituel
Le sexe et le désir de l'ordre du naturel.

J. BAUDRILLARD




Visage d’ambre
Imperceptible toucher
Ange… la rose….

*

Des lunes… une
Blancheur spectrale, la peur
Le frisson d’Éros.

*


©C/C                         
J 'aime cette lenteur, cette simple nudité, les visages extatiques, les masques, le surnaturalisme qui se dégage.
Un mystère.



UN MYSTÈRE
 

lundi 7 octobre 2013

APRÈS LA LECTURE DE JUST KIDS

Je suis dans un champ de roses
                                              les pétales veinés de rouge
                                             de vert
                                             de bleu et de feuilles que l'on mâche
                                             sous les fondrières du vieux mur de pierre.
Il y a des lézards
un peuple de mouches
agglutinées
sur la carcasse d'un lièvre abattu dans sa course folle
des crevasses, des grottes,
on entend les cris des animaux parcourant une lande déserte,

Il y a des mésanges
On entend dans le lointain leur chant effrayé, un chat sauvage les poursuit,

Il y a des chants d'amour dans le cœur des jeunes filles.

Les roses, alors, deviennent de merveilleuses coupes odorantes,
des mots plein de douceur,
il faut se dépêcher de les mâchonner,
de boire l'élixir
alors il y a mimétisme,
on entend le chant des anges,
ceux habillés de bleu,
ce sont les danses anciennes et résonnent les tambourins. 


pour Thomas  ©christiancazals

dimanche 6 octobre 2013

PRÉFACE de LÉO FÉRRÉ



De Léo FÉRRÉ : PRÉFACE



La poésie contemporaine ne chante plus… elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction… elle ne fréquente pas les mots mal famés… elle les ignore. On ne prend les mots qu’avec des gants : <<  à menstruel >> on préfère « périodique », et l’on va répétant qu’il est des termes médicaux qu’il ne faut pas sortir des laboratoires et du codex. Le snobisme scolaire qui consiste en outre, qu’ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain. Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse. Ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. Le poète d’aujourd’hui doit appartenir à une caste à un parti ou au « Tout Paris ». Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé. La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie. Elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche. L’embrigadement est un signe des temps. De notre temps. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes. Les sociétés littéraires c’est encore la Société. La pensée mise en commun est une pensée commune. MOZART est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes. RENOIR avait les doigts crochus de rhumatismes. RAVEL avait une tumeur qui lui suça d’un coup toute sa musique. BEETHOVEN était sourd. Il fallut quêter pour enterrer BELA BARTOK. RUTEBEUF avait faim. VILLON volait pour manger. Tout le monde s’en fout. L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie. La lumière ne se fait que sur les tombes. Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique. La musique se vend comme du savon à barbe. Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt : les capitaux –la publicité- la clientèle. Qui donc inventera le désespoir ? Avec nos avions qui dament le pion au soleil. Avec nos magnétophones qui se souviennent de ces « voix qui se sont tues », avec nos âmes en rade au milieu des rues. Nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande à regarder passer les révolutions. N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la Morale des Autres. Les plus beaux chants sont les chants de revendication. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. A l’école de la poésie et de la musique, on n’apprend pas – ON SE BAT !   



5° FESTIVAL DU FILM ÉMERGEANT ( Programme dans article suivant)

Avant-première "Nos héros sont morts ce soir"

FESTIVAL DU FILM EMERGEANT / CAVAILLON/ INSTALLATION VIDEO

http://www.festivaldufilmemergeant.com/la-5%C3%A8me-%C3%A9dition-du-ffe-en-octobre-2013/

FERRITE



FERRITE


J’ai déserté la  couche de mousseline odorante, musc et senteurs marines.

Elle fut dévoilée en écartant la moustiquaire
Ses formes offertes au regard des astres.

Marcher avec délicatesse sur le sol de terre battue
La nuit était encore pleine
Au loin les flots battaient la côte,
Les moteurs des pirogues luttaient contre la houle
- Des points lumineux au large -
La fraîcheur de la nuit saisit mon corps,
L’étreignit,
Éveilla son énergie,
Mes pas se dirigeaient sur le chemin muletier, vers la plage,
                                                                                              La lune caressait en tentacules luisantes le sable sur lequel les pirogues colorées d’un futur voyage….des galets pierres de lune, des formes étranges, des dimensions,
Leurs tailles servaient de symbole mathématique, 
Minuscules, aiguës, excitant le dessous du pied, parfois l’écorchant,
J’allais à la recherche de ces bijoux offerts par le ciel et les astres.
Le soleil se levait, les arbres échoués prenaient forme, sculptés par la marée.


©christiancazals 





Bijou en ferrite façonné par les flots
Sceptre gravé de chef de tribu





 

DROIT DANS LE SOLEIL/ Bertrand CANTAT