L'identité,
elle, survit, et si le livre feint d'être objet, c'est pour conjurer
les translations inévitables. L' Édition est l'œuvre d' Isis –
ni créée, ni incréée -,
de
ses routes quant au fleuve, il ne recevra plus aucune cendre car il
est temps. Nommer l'architecture d' un livre comme préfiguration
d'un temple n'avoue pas son vœu dès lors qu'une fois pour toutes,
ce monde ne se conçoit plus comme le seul lieu du désir, et que
l'architecture peut être mentale comme son site.
Faire
d'un livre le tombeau vide de la question du sens qu'aura été le
corps. Ce monde serait cette matrice et enfanterait par le livre de
cet autre monde qui serait le véritable lieu du livre, des livres,
là où vie et livre se vivent d'un même qui est leur grâce. Le
tombeau anticipe la chambre comme la barque le tombeau. De part en
part une traversée, une écriture qui sait qu'elle peut décider la
mort comme lieu, et que l'abolition de l'espace et du temps n'est pas
toute la mort, pas plus que leur création ne fut l'origine. La Mort,
dont le bâti est le livre qui accepte d'être livré, la lecture va
le démembrer, pour le sauver de toute tautologie, de toute
sécularisation, et de toutes ses « œuvres complètes »,
apocryphes toujours, dès lors que nous n'aurons pas joué, ni le jeu
de l'art, ni le jeu du salut.
Christian Gabrielle Guez - Ricord