Comment atistes et créateurs vivent le ramadan au village des Arts à Dakar
Comment
artistes et créateurs vivent le ramadan : Le Village des arts prend un
coup de jeûne. Au village des Arts de Dakar, les artistes s'organisent
différemment en cette période de jeûne. Les organismes sont soumis à
rude épreuve et à chaque plasticien sa solution pour travailler
convenablement et ne pas pâtir de la diète. Cette année au Village des
Arts de Dakar, la saison creuse hivernale coïncide avec le mois de
ramadan. Ce concours de circonstances qui peut paraître fâcheux n'a
pourtant pas de répercussions négatives sur le quotidien des artistes
qui ‘hantent’ les lieux. Tout au plus, ce sont les horaires de travail
qui s'en trouvent perturbés car, diète oblige, la plupart des ateliers
tournent quelque peu au ralenti dans la journée. Mais quoi qu'il en
soit, les artistes demeurent sur place et leur créativité est mise en
avant à la galerie Léopold Sédar Senghor qui abrite la bien nommée
exposition/vente ‘Nawète’ (‘Hivernage’, en wolof). Le jeûne n'en réduit
pas pour autant les plasticiens au chômage technique. Les sculpteurs-fondeurs sur bronze par exemple ont le cœur à
l'ouvrage. Ils s'organisent juste autrement durant ce mois sacré. ‘Nous
polissons les sculptures en finition ou nous créons des maquettes avec
de la cire d'abeille. Mais le gros du travail qui se fait sur le bronze
est effectué après la rupture. Il faut en effet faire fondre le métal et
la chaleur du four est intenable, cumulée à la canicule et à la soif’,
confie l'un d'entre eux. A cause du ramadan, beaucoup d'artistes
différent leur travail et attendent le soir pour s'occuper du pain
qu'ils ont sur la planche. De fait, plus qu'à l'accoutumée, les
visiteurs peuvent s'immerger dans l'univers des plasticiens et courent
moins le risque de perturber leur concentration. Car comme le concède ce
peintre : ‘Je suis toujours disponible pour les visiteurs, c'est avec
plaisir que j'échange avec eux, mais c'est vrai que quand je veux
bosser, je m'enferme dans l'atelier.’
Interrogé sur ses méthodes de
travail en cette période, ce céramiste explique ne pas changer sa grille
horaire parce qu'il jeûne. Il dit ‘privilégier les créations
abstraites’, car selon lui ‘la faim développe l'imaginaire’ et ‘les
créations abstraites font plus appel à l’intuition et aux sentiments là
où l’art figuratif sollicite beaucoup plus le sens de l'observation et
la mémoire’. Le médiateur culturel du Village des Arts, M. Diop, se
félicite du dynamisme qui prévaut auprès des pensionnaires du village et
se réjouit de l'engouement croissant dont le public fait preuve à l'endroit des œuvres estampillées ‘V'Arts’. Pour lui le
métier d'artiste n'est pas évident et ‘c'est formidable que des
plasticiens puissent vivre de leur art’. Avisé, il prévient: ‘notre
culture est le dernier bastion de notre identité. Nous devons travailler
d'arrache-pied à la fortifier, et cela passe par la promotion de notre
patrimoine artistique’.
Mohamed NDJIM (Stagiaire)
Mohamed NDJIM (Stagiaire)
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