Le ciel est trop bas
Pour qu’on puisse rire
La mer se retire
Et le jour s’en va
Les lumières poussent au ras du sol
Au bord de l’eau crépitent les étoiles
l’odeur des arbres morts
les cris pris dans les voiles
Et le bras vigoureux qui dresse le décor
Les hommes
Les vaisseaux
Les eux du sémaphore
Sur le sable mouvant et les pas de la nuit
Dans le même rayon l’eau qui se décolore
Et le visage rond qui monte
ou l’œil qui rit
Ce coin où les signaux sont plus loin que le monde
Où le feu qui se pose est plus vite englouti
Quand le soleil éclate et que l’air devient rose
Ce coin sous les rochers humides
Et à midi
Pierre Reverdy, Sources du vent, in Œuvres complètes, tome II, Flammarion, 2010, p. 125
Remerciements au site POEZIBAO et à florence TROCME pour son aide efficace.
*
Le dernier mobile
Le mur derrière les angles
Où la fenêtre luit
Un plastron ou une cuirasse
Personne pour dire un mot
Les arbres passent
Les nuages
Les pointes
La terre a bien l’air de tourner
On ferait des efforts en vain pour s’en aller
Le dos au feu
Les yeux fixés sur la muraille
C’est la maison qui marche
Et moi qui suis assis
Et toutes les fenêtres en passant m’ont souri
Encore une heure
Et tous seront partis
Sauf un
Qui restera toujours
Seul
Pour garder la nuit.
Pierre Reverdy, Pierres blanches, in Œuvres complètes, tome II, Flammarion, 2010, p. 253
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