L'OBJET
On a beaucoup
parlé de la promenade en littérature, comment elle aide à penser, à oublier,
comment elle troue des travellings dans la réalité. Rousseau, philosophe
ambulatoire. On a beaucoup moins étudié le banc, contrepoint obligé de toute
marche. C’est le bouton pause de la caméra, mais aussi un lit, une île, un
habitat (les clochards à qui l’on a supprimé tous les bancs du métro parisien
en savent quelque chose). C’est un trait d’union, à cause des célèbres amoureux
des bancs publics de Brassens, mais aussi dans Bouvard et Pécuchet, que Flaubert présente ainsi à
l’orée du roman, avant de les transformer en chapeaux vides : «Quand
ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur
le même banc.»
Michael Jakob, qui
a la double casquette de professeur de théorie du paysage et de littérature
comparée, n’a pas pour propos cependant d’examiner à la loupe tous les bancs de
la littérature ou de la peinture (rien sur «le banc d’Argenson» à l’incipit duNeveu de Rameau de Diderot, par exemple). Mais
toutes ses fonctions, oui. A quoi sert un banc?
Eric Loret (Libération)
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dimanche 5 octobre 2014
POÉTIQUE DE L'OBJET. MICHAEL JACOB Critique de Eric LORET
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