dimanche 5 octobre 2014

POÉTIQUE DE L'OBJET. MICHAEL JACOB Critique de Eric LORET

Le banc, maître de céans
L'OBJET




On a beaucoup parlé de la promenade en littérature, comment elle aide à penser, à oublier, comment elle troue des travellings dans la réalité. Rousseau, philosophe ambulatoire. On a beaucoup moins étudié le banc, contrepoint obligé de toute marche. C’est le bouton pause de la caméra, mais aussi un lit, une île, un habitat (les clochards à qui l’on a supprimé tous les bancs du métro parisien en savent quelque chose). C’est un trait d’union, à cause des célèbres amoureux des bancs publics de Brassens, mais aussi dans Bouvard et Pécuchet, que Flaubert présente ainsi à l’orée du roman, avant de les transformer en chapeaux vides : «Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur le même banc.»
Michael Jakob, qui a la double casquette de professeur de théorie du paysage et de littérature comparée, n’a pas pour propos cependant d’examiner à la loupe tous les bancs de la littérature ou de la peinture (rien sur «le banc d’Argenson» à l’incipit duNeveu de Rameau de Diderot, par exemple). Mais toutes ses fonctions, oui. A quoi sert un banc?

Eric Loret (Libération)

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